CARTERON : « Sélectionneur, ce serait un immense honneur »

CARTERON : "Plusieurs Maliens étaient là avant mon arrivée…"

« EN DIRECT AVEC… » – DERNIERE PARTIE

CARTERON : « Sélectionneur, ce serait un immense honneur »

22 avril 2014

Dernier volet de l’entretien fleuve accordé par Patrice CARTERON à nos lecteurs dans le cadre de notre « En direct avec… » numéro 16. Il répond à tout, sans jamais se défiler. Avec l’assurance de quelqu’un qui maîtrise son sujet.

« Des joueurs ont perdu 4 kilos en stage … »

Pourquoi les joueurs ne tiennent pas les 90 minutes, surtout les 15 dernières minutes où nous sommes à chaque fois dominés ?

On a fait ce constat et c’est pour cela qu’on venu en stage en Zambie pour travailler très dur physiquement après s’être également remis en question par rapport à ça. On a aussi fait un gros bilan tout en décidant de passer à la vitesse supérieure. On a bien travaillé, la majorité des joueurs a perdu jusqu’à 4 kilos depuis nos débuts de stage. Tout ça me laisse entrevoir un physique meilleur dans les semaines à venir.

Ne faut-il pas laisser tomber vos sentiments d'ancien sélectionneur des Aigles du Mali pour privilégier la rigueur dans vos choix, car c'est d'abord votre travail qui est en jeu ?

Si on pense qu’en alignant Salif COULIBALY et Boubacar DIARRA comme titulaires dans le onze de Mazembe je fais du sentiment, c’est mal me connaître. Je trouve seulement que ce sont simplement de bons joueurs. Encore une fois je le répète, il y avait beaucoup des joueurs maliens avant que je ne vienne à Mazembe. J’ai fait le choix que beaucoup oublient, abandonner le poste de sélectionneur des Aigles du Mali pour venir à Mazembe…

Jusque-là, certains de nos joueurs n'ont pas de précision dans leurs passes et ils perdent beaucoup de balles. Comment procéder pour remédier à ces difficultés ?

C’est pour cette raison qu’on travaille beaucoup plus des jeux avec conservation de la balle aux entraînements. Beaucoup sur la fatigue en fin de séance pour leur permettre même en cas de fatigue de rester lucide dans l’application technique.

Que répondez-vous si je vous dis que Mazembe est une bonne équipe défensivement mais pas offensivement, en faisant allusion au manque de finisseurs opportunistes (SAMATTA excepté) ?

Je pense qu’on va vous faire mentir dans quelques semaines et prouver qu’on a des joueurs formidables au niveau offensif qui ont juste besoin de prendre plus confiance dans leur potentiel. On a une capacité à chaque match à se créer énormément d’occasions et je suis sûr et certain que ça va finir par payer, et qu’on va être plus réaliste.

A voir votre parcours d'entraîneur on a comme l’impression que Mazembe est votre plus grand club que vous avez entraîné depuis vos débuts dans la carrière. Saurez-vous vraiment relever le défi ?

C’est une question délicate parce que quand on a entraîné au plus haut niveau en Europe et au plus haut niveau en tant que sélectionneur en Afrique…  je ne pense pas que ce soit si inférieur que ça à Mazembe. Je me sens à même de relever le défi.

Dans quel état vous trouvez-vous quand vous voyez, même à domicile, votre équipe se faire dominer quelques fois sur le plan physique et technique ?

J’en tire les enseignements comme c’était le cas avec le match de Séwé Sport tout en étant très content que les joueurs répondent à mes consignes et assurent l’essentiel c’est-à-dire, la victoire et la qualification.

Tous les coaches qui se sont succédé ont eu un impact visible. Par exemple, Lamine NDIAYE a trouvé un Mazembe très fébrile en défense. Il y a travaillé et le résultat a été spectaculaire puisque Mazembe était devenu très solide défensivement. Pouvez-vous nous dire en termes clairs ce que vous avez apporté de neuf au club ? Quel est votre apport, jusque-là, à un club qui a déjà remporté tous les titres et coupes ?

Je suis arrivé dans un club qui était éliminé en 8ème de finale de la Ligue des Champions de la CAF avec des joueurs majeurs. Ces joueurs sont partis et un an plus tard on a réussi à se qualifier sans ces leaders. L’apport, pour moi, il est déjà à ce niveau.

« Actuellement, je mets 6 sur 10… »

Sur une échelle de 1 à 10, comment classez-vous le TP Mazembe lorsque vous avez commencé et où le placez-vous actuellement ?

Je dirai que quand je suis arrivé, le club était à 4/10, je ne mets pas la moyenne parce que le club était éliminé en 8ème de finale. Cette année, je mets juste 6/10 parce qu’on est qualifié en 8ème de finale de la Ligue des Champions avec un effectif rebâti à l’intersaison, ce qui n’était pas évident.

Le TPM ne gagne plus de belle manière et la qualité de jeu ne séduit plus. Est-ce la qualité des joueurs qui ne correspond pas ou la technique et stratégie qui ne marchent plus ? Ou encore les moyens qui ne suivent plus ?

Un mois avant Séwé Sport, on s’est qualifié en battant Astres de Douala 3-0 à domicile, l’ensemble du stade et des observateurs trouvaient qu’on avait fait un grand match avec vraiment la manière et une qualité de jeu formidable. Il y a eu sur le match de Séwé Sport le fait qu’on n’a pas été bon et que l’adversaire était une belle équipe. Malgré tout on a réussi à se qualifier. On ne peut pas avoir des avis aussi radicaux, je sais aujourd’hui qu’on doit faire aussi mieux, on a eu conscience. Ce qui s’est passé contre Séwé Sport est la meilleure des choses parce que ça nous a ouvert les yeux. On a bien vu qu’on avait du travail et qu’on n’était pas encore prêt pour les quarts de finale. On a aussi senti l’exigence de nos supporteurs qui est légitime.

Auriez-vous peur avec l’effectif actuel s’il fallait jouer contre Vita club en play-offs et en compétition africaine ?

Je ne peux avoir peur de Vita parce que de toute façon on va le jouer en play-offs dès ce mercredi. Après, si on doit le jouer en compétition africaine interclubs de la CAF, c’est un concurrent de très bon niveau. A nous d’élever notre niveau après ce qu’on a montré contre Séwé Sport pour arriver à obtenir des résultats.

« Pourquoi ne pas rester calme sur le banc ? »

Pourquoi ne pas pousser vos poulains lors des matches, le plus souvent vous restez calme et c’est MIHAYO qui le fait. Vous passez votre temps à ronger vos ongles, au lieu de diriger, êtes-vous dépassé par les événements ?

L’année dernière tout le monde trouvait formidable que je reste calme sur le banc quand l’équipe avait des bons résultats. Pourquoi changer du coup mon comportement, simplement parce qu’il faut tout changer et que les gens ont envie de changer ?.. C’est une question de ressenti, je préfère surtout rester lucide sur ce qu’il y a à faire dans le match que plutôt me laisser gagner par l’ambiance où on a l’impression qu’à tout moment il faut tout changer. C’est beaucoup plus complexe que ça. Je ne me ronge pas les ongles par ailleurs, je préfère souvent bien analyser ce qui est en train de se passer pour faire le meilleur changement possible.

Vous avez l'habitude de nous répéter comme slogan que « Mazembe n’a pas d'équipe B »  c’est pour masquer le manque de performance de certains joueurs que vous avez recrutés ?

Globalement, je suis content de performances des joueurs qu’on a recrutés. Je n’aime pas dire équipe B parce que j’estime qu’on a un effectif et à tout moment chacun peut avoir sa chance pour entrer dans les onze titulaires. Quand je suis arrivé à Mazembe, des joueurs comme Daniel ADJEI, Boubacar DIARRA et Cheibane TRAORE pour ne citer qu’eux ne jouaient presque pas. Depuis lors, ils ont beaucoup plus de temps de jeu et démontrent tout leur potentiel.   


Vu que le TP Mazembe est un patrimoine, consultez-vous d'autres cadres ou anciens cadres et entraîneurs pour avoir une idée plus claire sur l’ensemble de l’équipe ?

Sur les 20.000 personnes qui sont au stade, aucune d’elles ne serait d’accord sur l’équipe qu’il faut faire jouer et sur les changements qu’il faut faire. C’est ce qui fait la beauté et le charme du football. A un moment ou un autre il faut avoir des convictions et les assumer.

Qu’est-ce qui vous manque pour amener notre club à son plus haut niveau ?

Il nous manque très peu de chose, juste un déclic. J’ai un groupe qui a un très gros potentiel, je crois énormément en lui. C’est un groupe jeune avec beaucoup de choses à améliorer. Sincèrement on a juste besoin d’un gros déclic parce qu’avec ce je vois à l’entraînement il y a parfois un décalage avec ce qui se passe pendant un match, ce groupe a besoin de prendre confiance.  

Pouvez-vous nous donner la différence entre un entraîneur (coach) et un sélectionneur ? Etes-vous entraîneur ou sélectionneur de Tout Puissant Mazembe ?

J’ai la chance à Mazembe de faire les deux, d’être à la fois entraîneur et sélectionneur puisque je gère le groupe au quotidien. La différence ? Dans le travail de sélectionneur, il y a énormément d’observations des joueurs qui sont en Europe par exemple. On se doit de regarder beaucoup de matches pour suivre sur la durée l’état de forme et de fraîcheur de ces joueurs, passer aussi beaucoup du temps au téléphone. Après, être coach c’est un travail au quotidien où on a davantage besoin de la capacité de changer les choses et une philosophie de jeu.

C’est plus difficile en tant que sélectionneur où on a une semaine voire moins pour préparer les joueurs. Ce que j’ai aimé en tant que sélectionneur : l’impact psychologique est primordial. Alors qu’au quotidien en tant qu’entraîneur, c’est vraiment un travail de fond, physique, tactique et technique en plus bien sûr du psychologique.

« Je trouve que le club est bien en place »

Comme on n'a jamais entendu une plainte sur le plan financier ou matériel au sein du club, et que les résultats escomptés n'arrivent toujours pas, ne trouvez-vous pas qu'il est temps de réformer presque tout: recrutement, système de jeu, tactiques, techniques, et faire un ratissage des joueurs figurants ?...

Le plus dur pour Mazembe est derrière. Au moment où le Président m’a recruté l’année dernière, le club descendait de mois en mois. Et depuis, on a quand même remonté la pente, on a fait cette finale en Coupe de la CAF, on a retrouvé notre place parmi les 8 meilleurs clubs d’Afrique en n’étant pas encore à 100%. Je ne pense pas qu’il y a lieu de reformer, le TPM est organisé depuis des années de manière très conséquente. Il y a des recrutements qui sont fait sur toute la RDC, sur toute l’Afrique. Je trouve qu’on est bien en place.

Yves BAFWANISI N'SENGA – Lubumbashi, Daniel Sergey – Aulnay-sous-Bois, Mario NAWEZA – Diegem, Tony Moma SHAKAYOMBO – Kinshasa, Emile MBAYO – Lubumbashi, Jean Felix KONGOLO – Kabinda/Kasaï-Oriental, Mira KIPERI – Kampenout, Blaise KALUNGA – Lubumbashi, Christophe LWANYI – Pérouse/Italie, Dan SUMBU – Kinshasa, Theo KISHINDA – Lubumbashi, Christian MPANGA – Lubumbashi, Jean Inda YAV-II – Sodimico, Espoir LOKASO – Lubumbashi, Joseph KONDE – Kinshasa, Hubert Patrick MUKENDI – Kinshasa, Arsène MUSEPA – Ndola, José NGUBA – Kinshasa, Bertin KILOLO – Lubumbashi, Réné KAWANGU – Fungurume, Frank LUSALU – Kolwezi, Louis BUAREMANE – Goma, Pierrot KASEMUANA – Ulaanbaatar/Mongolie, Fidelange MUTEB – Lubumbashi, Daudet ZAMA – Likasi, Patient OMARI – Kipushi, Eric PONGO – Lubumbashi,João Doli MBAIO – Luanda, Alexis BANGABANGA – Kinshasa, Christian TSHIMANGA Dakruz – , Hergy Tshilumba – Kinshasa, Jean Pierre MBOSHI – , Patrick MASSANDA – Kinshasa, Nicolas SHABANI – Kinshasa, Patient T'CHOVU – Lubumbashi, Fabrice MUAMBA FMK – Lubumbashi, Al-amin NSENGA – Lubumbashi, John Fatima LUKA – Paris, Carnel Gaillord MUYA – Lubumbashi, Emmanuel MUKENGELE – , Henock MBUKU – Lubumbashi, Vicky MUYAYA – Kananga/Kasaï-Occidental, Doudou KULUMBA – Kinshasa

« Faire progresser le foot congolais »

Les medias ont parlé, ces derniers jours, de la possibilité que vous soyez sélectionneur de l’équipe nationale de RDC tout en restant coach du TPM. Quel commentaire faites-vous ?

Ce serait un immense honneur et un bonheur que d’arriver à aider la RDC pour les éliminatoires de la CAN 2015. A l’heure où je vous parle il n’y a effectivement rien d’effectif. Ce qui me fait un peu mal c’est qu’on puisse penser que je souhaite du mal au football congolais. Au contraire, quand je suis arrivé au Mali, j’ai été critiqué mais à la fin les gens ont constaté que j’avais fait progresser le football malien. Mon objectif sera le même avec la RDC, c’est un pays que j’adore et je me plais beaucoup ici. J’ai réellement l’ambition à la fois avec le TPM – pourquoi pas un jour avec les Léopards ? – de montrer que j’ai à cœur de faire progresser ce pays et qu’on ait des résultats. La seule chose que je sais, si je devais tenir les deux postes dans quelques jours, ma priorité serait de travailler avec Pamphile MIHAYO àmes côtés.

Quelle lecture faites-vous des clubs congolais ? Qui est le grand club à part Mazembe ?

Forcement l’AS V. Club qui est le concurrent légitime de Mazembe. Il y a une passion autour de ce club qui est comparable à un degré moindre à ce qui est vécu à Mazembe.

Comment trouvez TPM sur le plan tactique et physique par rapport à Vita Club ?

J’ai mon avis là-dessus mais vous donnerai la réponse après le match du mercredi.

Comme vous recrutez beaucoup plus les joueurs expatriés, est ce que cela pourra permettre à nos joueurs congolais d’être compétitifs dans les différentes compétitions auxquelles l’équipe nationale pourra être engagée ?

Ce n’est pas moi qui ai fait venir les joueurs expatriés, ils sont là depuis plusieurs années. Très sincèrement je pense que le football congolais a eu un passage un peu plus difficile : dernier du groupe de qualification pour la Coupe du monde, une élimination au premier tour de la CAN en RSA, au CHAN malgré la présence de tous ces joueurs de V. Club et Mazembe, une élimination en quarts de finale contre une 4ème équipe ghanéenne. Il y a des périodes où les pays sont fragiles. A Mazembe, on est très attentif à ce qui se passe au niveau de la RDC et on veut arriver à recruter les meilleurs joueurs. Aux autres clubs congolais de ne pas chercher à nous mettre les bâtons dans les roues par jalousie en laissant partir leurs joueurs à l’étranger pour des sommes bien inférieures à ce qu’ils auraient pu obtenir en les laissant venir à Mazembe.  

En tant que technicien expérimenté dans le monde du football, depuis que vous connaissez le championnat de la RDC, pourriez-vous nous donner les 6 meilleurs joueurs congolais à leurs postes évoluant dans notre championnat? (Si les noms vous échappent donnez le nom de leur club et le n° de poste)

Robert KIDIABA gardien de Mazembe, Eric NKULUKUTA latéral droit de Mazembe, Jean KASUSULA latéral gauche de Mazembe, Joël KIMWAKI défenseur central de Mazembe, Firmin MUBELE attaquant de V. Club et TSHIMUANGA Esprit, défenseur central que j’ai bien aimé à Lupopo.

David MUKISA – Goma,  KABAMBA Dieudonné MUTUMAY – Bukavu, Flory MAYIMONA – Kinshasa,  João Doli MBAIO – Luanda

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