Thierry FROGER : les raisons d’un départ

Thierry FROGER n'aime pas gesticuler sur la touche

IL A QUITTE MAZEMBE A REGRETS

Thierry FROGER : les raisons d’un départ

24 mars 2017

Lubumbashi-Johannesbourg-Paris à bord de South African Airlines, puis le train à l’aube pour rentrer à Reims. Thierry FROGER a pris quelques heures pour récupérer avant, comme promis, de nous appeler. Pour expliquer les raisons qui l’ont poussé à mettre fin à « l’aventure Mazembe ». Convaincu qu’elle aurait pu mieux tourner, il est parti sans ressentiment, mais avec beaucoup de regrets et de frustration. L’interview révèle un gentleman lucide et balaie bien des rumeurs.

Vous avez renoncé à poursuivre votre job à la tête du staff technique du TPM. Pour quelles raisons ?

La raison majeure c’est que je pensais ne pas être en mesure de respecter la feuille de route que m’avait donnée le président KATUMBI. Il fallait à la fois intégrer des jeunes et obtenir des résultats. Or, le fonctionnement actuel du club ne permettait pas, à mes yeux, d’atteindre ce double objectif. Surtout en son absence.

L’élimination en Ligue des champions n’était pas la seule raison ?

J’en ai été très affecté car ça s’est joué à pas grand-chose. On avait les moyens de gagner à Harare. Mais il y a eu certains dysfonctionnements et cela m’a révélé qu’il me serait difficile de travailler dans ces conditions.

« Beaucoup de joueurs m’ont dit de rester »

Est-ce une grande déception pour vous ?

Ah oui ! J’ai été très déçu… D’autant plus déçu que presque tous les joueurs, à part trois d’entre eux, ont insisté pour que je reste. Le staff également. Et puis, ma frustration vient aussi du fait qu’avec le temps on aurait sans doute pu réussir le pari. Mais pas en trois semaines.

Justement, en parlant du staff, aviez-vous une adhésion à vos méthodes ?

J’en suis persuadé. Mais j’avais adopté un fonctionnement qui n’a pas plu à d’autres personnes : j’informais en priorité le président Moïse de ce qu’on faisait, puis le staff et les joueurs. Tout ce que j’ai fait c’était en accord avec le président et le staff était avec moi. Mais ce fonctionnement n’a pas plus à tout le monde. Des gens ont inventé un problème avec Baba [Ndlr Pamphile MIHAYO], alors qu’il était absent pour passer son diplôme. Qu’ils lui posent la question…

Avec le recul, pensez-vous avoir fait une erreur en titularisant certains jeunes au détriment des anciens ?

Non. C’est une nécessité vitale pour le TP Mazembe d’injecter des jeunes. Cela aurait même dû être fait avant. Et le comportement de certains anciens m’a obligé à accélérer encore le processus. Au retour de la Super Coupe, ils étaient absents au rendez-vous dès le premier entraînement. Peut-on admettre qu’un joueur du TP Mazembe rate une séance sans prévenir sous prétexte qu’il avait un problème de piscine à régler ? Pour que la transition se fasse au TPM les anciens doivent être des modèles et aider les jeunes. C’est ça servir le club.

« Il faut que le président rentre »

Quelle aide avez-vous reçu au sein du club pour exercer votre mission ?

Les gens ne s’imaginent pas combien l’absence du président constitue un handicap énorme. Lorsque vous prononcez son nom, des lumières s’allument dans les yeux des joueurs. Mais quand il n’est pas là, le temps s’arrête. Le vice-président KAMWANYA est venu me soutenir, lors d’un problème interne, avant le déplacement à Harare. Mais il était bien seul…

Certains vous ont reproché de ne pas bouger de votre banc durant les matches, que leur répondez-vous ?

Moi je suis comme ça. Je ne vais pas gesticuler pour rien, crier des consignes à un joueur qui se trouve à 60 mètres et, avec le bruit de la foule, n’entend même pas ce que je dis… Pour moi, c’est le travail de la semaine qui compte. Tout découle de là. Au coup d’envoi, le match appartient aux joueurs.

Estimez-vous que l’équipe a progressé dans le jeu durant votre mois de présence ?

Je voulais qu’on développe un jeu sur deux thèmes majeurs : possession et construction. Au début, on avait du mal à se créer de bonnes occasions, puis à la fin on s’en procurait beaucoup. Des gens qui assistaient à nos entraînements sont venus me dire qu’on avançait bien.

Pensez-vous que le TPM a des chances d’aller loin en C2 ?

Je le souhaite vraiment et je félicite l’équipe pour sa victoire contre Lupopo. Il y a un fort potentiel, mais la grande question reste celle de l’efficacité offensive. Il manque des finisseurs en attaque et ça…

Peut-on imaginer vous revoir un jour à Mazembe ?

Le club est formidable sur le plan des infrastructures. J’ai adoré être sur le terrain, tous les jours, cela m’a procuré un plaisir énorme. J’ai réussi à intégrer le « tout ballon » c’est à dire que tout le travail s’est fait avec le ballon. Et ça a très bien marché… Vous savez, j’aurais pu être un mercenaire, fermer les yeux, prendre mon salaire et attendre qu’on me dise de partir. Ce n’est pas ma façon d’agir. J’ai préféré devancer les choses.

Mais si le président KATUMBI rentre et fait appel à moi, je viens sans hésiter. Mais il faut absolument qu’il rentre et qu’on puisse travailler.

Un message à transmettre ?

Oui, aux supporters, aux vrais. Qu’ils soutiennent le club qu’ils aiment, en encourageant les joueurs, tous, les anciens et les jeunes, sans exception. Faut s’accrocher et aider Mazembe.

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