Parmi les joueurs qui ont contribué à la gloire du TPM, Martin TSHINABU WA MUNDA dit « Brinch – Chondo » figure en bonne place. Aujourd’hui, si de grands monuments étaient érigés en souvenir des exploits de Robert KAZADI, Jean NGOYI, Pierre KATUMBA, Albert MULENDA, Léonard SAIDI, Albert MUKOMBO, André KALONZO, NYEMBO, Athanase MBUYI, Célestin KAMBA,  Raymond BWANGA, Paul KALAMBAY, MUKENDI Tchatching et les autres, celui de « Brinch » ferait sans aucun doute partie de la galerie.

Pour ce numéro de la rubrique, Au Grand Rendez-vous des anciens, nous nous sommes remémoré les exploits de « Brinch - Chondo », malheureusement décédé depuis 2002.

De Sandoa à Kolwezi puis Lubumbashi

Le natif de Sandoa en 1946, Martin TSHINABU a passé son enfance dans cette cité rurale du district de Lualaba à la frontière de la province du Katanga et de l’Angola. En 1963, le CS Benfica de Kolwezi (actuellement Manika) le recrutait pour étoffer un gros effectif mené par Mortier KILUBI, Joseph KIMALWA, Sabin NDAY, KANGUDIA et le gardien de but Paul KALAMBAYI. Sous le maillot de Benfica, « Brinch » est venu battre le TPM à Lubumbashi en championnat provincial, ayant même le culot de planter deux buts aux Corbeaux et ridiculisant de ce fait NGOYI, MUKOMBO, BWANGA et KATUMBA, les grandes vedettes de l’équipe.

En 1965, Mazembe fera appel à ses services aux côtés de KALAMBAYI et KANGUDIA, tous joueurs de Benfica de Kolwezi. C’était parti pour une brillante et élogieuse carrière de 19 ans.

Au sommet de l’Afrique avec Mazembe

Beaucoup de bonnes choses enluminent son parcours avec le TP Mazembe. « Brinch » a remporté 2 Coupes d’Afrique des Clubs Champions (l’actuelle Ligue des Champions) en 1967 et 1968, il a aussi disputé 2 finales de la même compétition en 1969 et 1970 et une demi-finale en 1972.

En 1968, le TPM écrase les Togolais d’Etoile Filante 4-0 à Kinshasa. Au match retour à Lomé, les Corbeaux sont près de laisser filer le titre en concédant 4 buts, mais grâce au génie de Brinch Martin TSHINABU qui marque l’unique but congolais, Mazembe s’en sort : 4-1 à l’arraché. Il sera moins heureux en 1970 en ratant un pénalty à la maison face à l’Ashanti Kotoko de Kumasi : après le 1 but partout du match aller, Mazembe perd à domicile (1-2) et le titre continental lui échappe.  

Une Coupe du monde et une CAN en 1974

Durant ses huit ans de présence chez les Léopards, « Brinch » a été éblouissant alors qu’il avait la lourde tâche de remplacer deux prodiges du football kinois à l’époque, Emmanuel KAKOKO dit « dieu du ballon » et Adelard MAYANGA « Good Year ». L’entraîneur VIDINIC avait l’embarras du choix : d’abord KAKOKO ou MAYANGA à cause de leur gabarit, puis TSHINABU pour tout débloquer en deuxième mi-temps. En restant sur le banc, l’attaquant s’était bâti une notoriété. On voyait en lui « l’homme des situations difficiles » car à chaque montée en jeu, il donnait la victoire aux Léopards.

Demi-finaliste avec les Léopards lors de la 8^ème CAN au Cameroun, il remporte la CAN 1974. Qualifié pour la Coupe du monde en Allemagne la même année, il dispute le match Brésil-Zaïre 3-0 où, comme les autres Léopards, il paie cher son inexpérience à ce niveau.

Le premier dribbleur avec des « passements de jambes »

Ailier gauche naturel, TSHINABU était un excellent joueur. Ses atouts ? Des débordements spectaculaires, des crochets irrésistibles et rapides et aussi sa clairvoyance du jeu. Un très grand buteur également, car en l’absence de Pierre KALALA MUKENDI, les Balianguenas comptaient sur lui surtout sur des balles arrêtées dont il se chargeait en priorité. « Brinch » Martin TSHINABU était le premier joueur au pays à avoir recours au « passement de jambes » comme arme de prédilection au service d’un dribble déroutant.

En 1979, le buteur de classe raccroche ses bottines après une finale de la Coupe du Congo perdue face au Daring Club Motema Pembe. Martin TSHINABU se reconvertit en entraineur mais ce métier ne lui sourit guère en 1983 à la tête du TPM. Dès lors pendant les dernières années de sa vie, il se mobilise pour soigner un cancer qui attaque l’une de ses jambes. Et qui le fait succomber le dimanche 2 Mai 2002 à l’âge de 56 ans.

Le football congolais perd trop tôt l’une de ses plus grandes figures, un héros qui n’aura pas vraiment profité de ses exploits.