Lamine NDIAYE : « J’aime la critique quand elle est juste »

TP Mazembe

SUPER LIGUE – BILAN A MI-PARCOURS (2 et fin)

Lamine NDIAYE : « J’aime la critique quand elle est juste »

1 juillet 2011

 

Vous avez pu lire la première partie de l’interview bilan à mi-parcours de Lamine NDIAYE, hier. Un coach qui reste confiant et résolument optimiste quant aux chances de Mazembe de coiffer la couronne de champion du Congo 2011.

Voici la seconde et dernière partie de cette longue interview.

- A propos de l’efficacité du TP Mazembe, un joueur comme KALUYITUKA subit pas mal de critiques. Certains supporters pensent qu’il n’est plus motivé et qu’il estime n’avoir plus rien à prouver au Congo…

On parle beaucoup et souvent on parle trop. C’est vrai dans bon nombre de pays où, comme ici, les gens sont tous des entraîneurs et des managers… Moi j’aime la critique quand elle est juste, de bonne foi. Dans ce cas, elle me motive. Mais dans le cas de KALUYITUKA, les gens sont injustes et ont la mémoire courte.

Premièrement, si Alain m’avait dit à moi qu’il n’a plus rien à prouver, ou s’il m’avait donné l’impression qu’il pense n’avoir plus rien à prouver, il ne jouerait pas. C’est clair. On a toujours à prouver. Pour soi-même et pour les autres, pour l’équipe. Quant au cas d’Alain, pensez-vous que le 2ème meilleur joueur d’Afrique 2010 a perdu ses qualités d’une année à l’autre ? En Ligue des champions, nous avons disputé 4 matches et Alain a marqué 3 buts. Qui dit mieux ? On va jusqu’à dire qu’il faudrait le mettre sur le banc pour qu’il réagisse. C’est stupide et injuste. Parce que je peux vous assurer qu’il est en tête du peloton en matière de sérieux et de professionnalisme. Il est irréprochable et mérite plus de respect que ça.

Au fait, il n’a pas joué contre le Racing de Kinshasa parce qu’il souffrait de la cheville. Vous avez vu quelqu’un en profiter pour marquer deux ou trois buts et lui piquer la place ? Moi, non…

- Vous le défendez contre vents et marées…

Parce que je connais sa valeur, sur le plan sportif et humain. Je vais ajouter autre chose : Alain, comme la plupart des grands buteurs, est un garçon sensible, qui a besoin de se sentir aimé. Il n’est pas sourd et il sait lire. Certains commentaires le touchent. Sa confiance peut en souffrir. Et la confiance, chez un buteur, c’est 90 % de la réussite, comme tous les grands attaquants vous le diront …

- Serge LOFO est également critiqué, Deo KANDA … (il nous coupe)

Je vous arrête. Ne comptez pas sur moi pour me lancer dans des jugements individuels. Ce n’est pas dans mes habitudes. Et je sais que nos supporters critiquent à tout va, contestent nos choix, y compris les remplacements en cours de match. Moi je veux leur dire une chose : ils m’étonnent par leurs certitudes et leurs avis catégoriques. Nous, au contraire, dans le staff, nous nous remettons en cause sans cesse. Parce que le foot n’est pas une science exacte, que rien n’est mathématique. Que la vérité d’un match n’est pas forcément celle du match suivant. Et quand nous faisons des remplacements – je dis nous en parlant du staff car je ne décide pas seul – c’est en fonction des choix que la physionomie du match nous impose. On se concerte et on essaie de prendre la bonne décision, voilà. Dans tous les cas, l’important c’est de rester cohérent.

- A part KABANGU, vos attaquants ne marquent pas beaucoup…

Il n’y a qu’un match où nous n’avons pas marqué, c’est DCMP, alors qu’on a eu 7 occasions de le faire ...

- Vous oubliez le 0-0 contre le TC Elima ?

Non, je ne l’oublie pas, je ne veux pas en tenir compte dans l’analyse. Qu’on ait rouvert ce stade en réduisant la largeur du terrain de 3 ou 4 mètres uniquement pour nous empêcher de jouer notre football, c’est inqualifiable. Il n’y avait pas 6 mètres entre le point de corner et la ligne des 16m50 !... J’attends de voir les prochains matches qui auront lieu sur ce terrain. Et je vais vous faire une confidence : le président de Veti Club de Matadi (le rival d’Elima) nous a confié après le match qu’il avait saisi le Gouverneur de la province et refusé de jouer sur ce terrain en championnat local. Mais on oblige Mazembe, le champion d’Afrique, à jouer là. Et tout le monde trouve cela normal ?

- Vous avez beaucoup de joueurs dans l’effectif, mais ce sont pratiquement toujours les mêmes qui jouent …

Je note que vous oubliez souvent une chose importante : ne brille pas qui veut sous le maillot des Corbeaux. Un joueur peut être très en vue dans un autre club et beaucoup moins quand il vient chez nous. Pour une raison bien simple : à Mazembe, il y a une grande exigence. La notion d’excellence est présente chaque jour. Pour certains qui découvrent ce contexte, c’est très dur …

- Et Guy LUSADISU, le reverra-t-on bientôt sur le terrain ?

Il a été suspendu pendant 10 mois, c’est énorme. Quand on sait que rien ne peut remplacer la compétition, vous imaginez le temps qu’il lui faudra pour revenir à son top niveau ? Mais il s’est beaucoup entraîné et j’espère qu’il va intégrer le groupe très prochainement.

- Et ensuite ce sera à MPUTU d’être disponible. Où en est Trésor ?

Il avait très bien repris jusqu’à il y a un mois environ. Puis il s’est blessé. Et je ne l’ai pas revu depuis. J’espère qu’il va revenir s’entraîner. Il en a besoin, comme tout joueur de haut niveau …

- En conclusion ?

On va tirer les leçons de cette première moitié de championnat en travaillant la concrétisation de nos actions. On a déjà travaillé très régulièrement devant le but. Mais on va encore augmenter la dose. Si on ne transforme que 50 pour 100 de nos occasions, les matches seront pliés rapidement. Tous les clubs veulent nous battre, on le sait, et tous font le match de l’année contre nous. On doit savoir gérer ça avec maîtrise, rester lucide et éliminer la précipitation dans le dernier geste. Si on y arrive, il n’y aura pas de problème.

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