Jean TSHAMALA dit Machine Ancien du TP Mazembe
AU RENDEZ-VOUS DES GRANDS ANCIENS
TSHAMALA « Machine » : Transféré de Mazembe à Lupopo …sans le savoir ! (1)
2 août 2011
Où est passé TSHAMALA Machine ? A cette question, le feu président d’Englebert Jean Beaudouin KAMBIMBI n’avait aucune réponse à donner aux fanatiques, impatients de voir à l’oeuvre cette perle de Jadotville. Nous sommes en 1969. A cette époque, jamais un joueur n’avait créé une polémique autour de son transfert. TSHAMALA Machine, lui, se retrouva au cœur d’une affaire qui fit grand bruit !
Né à Kolwezi le 15 janvier 1950, Jean TSHAMALA fut surnommé « Machine » à cause de sa vitesse balle au pied. A la fin des années 1965, dans la cité de Kambove (Katanga) au sein du FC Air Afrique, il était un avant-centre remarquable doté d’un sens du but hors normes. Il est recruté en 1966 par Anderlecht de Kambove, mais l’année suivante il quitte Kambove pour Jadotville (aujourd’hui Likasi) et rejoint l’Union Sportive PANDA.
Comment s’est-il retrouvé à Elisabethville, et quel est ce mystère qui a entouré son transfert ? Alors qu’il est venu pour Englebert, pourquoi portera-t-il en premier le maillot de Lupopo avant de venir exploser chez les Corbeaux ?
Jean TSHAMALA « Machine » nous a dévoilé ses souvenirs, le dimanche 31 juillet en toute fin d’après-midi à son domicile dans la commune de Ruashi (à près de 8 Km du centre-ville de Lubumbashi)
Racontez-nous comment vous êtes arrivé à Elisabethville ?
Oh ! C’est une histoire rocambolesque. Fin 1969 je rencontre à Jadot le président Beaudouin KAMBIMBI d’Englebert (TP Mazembe aujourd’hui). Nous nous mettons d’accord sur mon transfert dans son équipe, il décide, pour commencer, d’assurer mon transfert comme élève de l’Athénée Royal de Jadot à l’Athénée de Katuba à Elisabethville. Une première étape qui se passera sans heurt.
Arrivé à Elisabethville, l’équipe d’Englebert était en tournée, et le président Beaudouin me loge à l’hôtel Albert (actuel hôtel du Globe). Venu pour jouer chez Englebert, je me suis alors retrouvé au FC Lupopo.
Que s’était-il passé au juste ?
C’est presqu’un mystère. Je me souviens avoir rencontré un certain David MUTAMBA qui est venu me présenter un deuxième document ressemblant à celui que j’avais signé avec le président Beaudouin KAMBIMBI. Ne maîtrisant rien, j’appose ma signature après qu’il m’ait confirmé que le premier document était un faux. J’avoue que je ne savais pas que c’était en réalité un document attestant mon transfert chez Lupopo!
Les dirigeants de Lupopo avaient réussi leur supercherie en utilisant premièrement le domestique du président Beaudouin pour dérober le premier document. Puis ils sont allés voir mon club formateur Anderlecht de Kambove pour obtenir les documents officiels alors que du côté d’Englebert, le contact avait été fait auprès de l’Union Sportive Panda ; mon précédent club avec lequel mon contrat était fini.
Une fois chez Lupopo, mon premier match est sensationnel : face au FC Police, on s’impose 5-1 et je marque tous les cinq buts (4 de la tête et un du pied).
Où se trouve votre cœur à cet instant, à Mazembe ou à Lupopo ?
Une fois chez Lupopo, je suis engagé à la BCK actuellement SNCC par le PDG NGALULA PANDANJILA. Pour moi, c’était une autre vie qui s’était profilé à l’horizon et l’idéal à cet instant était de joueur à Lupopo où il y avait mes anciens amis de Jadotville, le Docteur Jacques, ZEKE, KAPENDA, KABALE Service, etc.
En 1972, le TP Mazembe n’avait plus de bons joueurs et pendant ce temps je suis élu meilleur joueur du Katanga avec Lupopo. Comme Englebert jouait la Coupe d’Afrique des clubs, le gouvernement décide de réquisitionner les bons joueurs du pays en renfort. Je retourne alors à la case de départ : Englebert pour qui j’étais venu à Elisabethville.
Une année de dure épreuve pour nous, joueurs de football, parce que la politique s’était mêlée du sport jusqu’à priver les Badianguenas d’un titre continental, une opération exécutée au sommet du pays par le feu président MOBUTU.
Pouvez-vous nous en parler en détails ?
Nous devrions affronter Haifa FC à Conakry en finale retour. Lors du match aller nous nous étions imposés 3-2 (MBUANGA, TSHINABU et moi étions buteurs et du coté des Guinéens ils y avaient eu Petit SORY et Papa CAMARA). Arrivés à Conakry, nous avons été trahis le jour du match.
C’était à l’époque des bonnes relations diplomatiques MOBUTU-SEKOU TOURE, la coupe que nous disputions portait le nom de Nkwame N’krumah et à l’occasion la Guinée célébrait cette fête le jour de la finale. Alors, le président SEKOU demandera à son homologue MOBUTU de laisser filer cette finale pour qu'il puisse bien faire sa fête.
Le coup a été bien monté. Nous étions logés en dehors de la capitale dans un hôtel comparable à une prison, à 25 km du stade. Le jour du match notre ministre des sports nous convaincra que les arbitres désignés n’étaient pas qualifiés par la CAF. Nous sommes restés à l’hôtel, déjà en vareuse, attendant notre départ improbable pour le stade. L’heure du coup d’envoi dépassée, on nous collera un forfait !..
C’est un coéquipier qui suivait le reportage à la radio nationale guinéenne, qui a constaté que le compte à rebours était lancé en attendant l’arrivée d’Englebert …
Déçus, les joueurs tentés par une révolte seront très vite calmés par l’entraîneur VIDINIC informé à l’avance du complot. Nous irons par la suite au Libéria en attendant que la CAF tranche en notre faveur, mais c’était une illusion. De retour au pays, l’équipe a connu une crise et les joueurs sont rentrés chacun dans son club. Pour mon compte , j’ai ainsi regagné Lupopo. (A suivre)