Il sort du silence pour rassurer les Badianguenas
Trésor MPUTU : « Ne pas jouer, ça me rend malade ! ... »
2 mai 2011
Eloigné des terrains de football depuis 8 mois et quelques jours, la coqueluche du football congolais, Trésor MPUTU MABI, purge ses 12 mois de suspension infligée par la FIFA le 30 Août 2010, suite aux incidents de la Coupe de la CECAFA à Kigali.
L’absence du feu follet est remarquable en sélection nationale et aussi dans son club. Des milliers d’internautes se sont interrogés sur la vie actuelle du capitaine des Corbeaux et nous ont demande comment il vit ces instants à l’écart des compétitions officielles.
Pour la première fois, sur la demande du site officiel du club, Trésor MPUTU sort de son silence et dévoile ses sentiments.
Trésor MPUTU, huit mois après votre suspension, comment vivez-vous ces moments de frustration ?
Ce n’est pas facile je dois bien l’avouer. Se retrouver dans une situation qui m’éloigne de ma passion, Mais dans trois bons mois je reviens sur terrain !
Vous souriez en promettant votre retour, mais jusque-là éprouvez-vous des regrets en voyant vos coéquipiers jouer ?
Bien évidemment, à commencer par l'obsession du succès qui a toujours été la mienne. S’éloigner d’un terrain de football c'est quelque chose qui n'aura plus de place dans ma vie. Je veux retrouver ma soif de faire plaisir aux millions d’amoureux du ballon rond. Je me souviens qu’à chaque fois que je jouais bien, le lendemain, tout le monde me congratulait.
Dans la rue, les gens vous salueront et seront très sympas avec vous. En ce moment, tout est faussé. Moi, ça me rend malade même si je suis en train de surmonter cette dure épreuve.
Vous avez souvent connu de petits ennuis dans le passé, êtes-vous plus sage aujourd’hui ?
(Rires !)
Drôle de question! Ma vie a changé et je vous assure que plus jamais cela ne pénalisera ma carrière. En l’espace de 90 minutes, vous connaissez un bouleversement terrible dans votre métier. Des nerfs trop tendus par des provocations vous font perdre le contrôle de soi... et c’est le pire qui arrive ! Douze mois de suspension handicapant le TP Mazembe et moi-même. Horrible comme conséquence, mais il faut l'accepter et reprendre une autre vie ...
Vous retrouver en famille ça vous va ?
Mes trois enfants sont nés en mon absence, car souvent j’étais en dehors du pays avec l’équipe ou la sélection. Aujourd’hui nous passons beaucoup de temps ensemble et c’est exceptionnel pour eux. Aller accompagner mes deux filles à l’école chaque matin avant les entraînements et les reprendre aussitôt après est un plaisir pour moi. Et elles sont comblées je m’imagine ...
Parlons du TP Mazembe, comment avez-vous vécu la finale retour de la Ligue des champions 2010 à Tunis ?
J’étais dans les tribunes du stade de Rades à Tunis, confondu à nos animateurs (le groupe 100 %), c’était merveilleux. L’équipe gagne avec moi en 2009 et une année plus tard elle réédite l’exploit en mon absence. Pour moi, c'était comme si je faisais partie du "onze de départ" de cette finale retour.
Et quelle lecture faites-vous de la coupe du monde des clubs de la FIFA 2010 ?
Là encore le parcours a été exceptionnel jusqu’à démontrer à la face du monde qu’il y a des talents en Afrique qui peuvent bien rivaliser avec ceux de l’Europe. Cette démonstration de battre deux clubs sud-américains dont le célèbre Sporting Club Porto Alegre du Brésil et de terminer sur la deuxième marche du podium est un exploit que seul Mazembe pouvait réaliser.
En Afrique, le TP Mazembe est le seul à avoir joué 4 finales successives de 1968 à 1970. Ceci nous renseigne sur la notoriété du club qui à l’ avenir gagnera ce titre mondial des clubs.
Quels rêves vous reste-t-il à accomplir dans votre carrière ?
Donner un autre titre à mon équipe avant d’aller jouer en Europe, une année d’absence est synonyme pour moi d’un titre à offrir au président Moise KATUMBI. Cet homme plein de gentillesse, il ne m’a pas lâché d’un seul cran durant les 8 mois consommés.
Et vos relations avec le coach Lamine NDIAYE ?
Lui aussi m'aide beaucoup, ses conseils sont indispensables pour moi. Aux entraînements, il fait fi de ma suspension et me traite comme tout joueur engage dans la compétition.
Physiquement au point ?
Trésor MPUTU s’entraîne régulièrement. Et si je revenais demain, vous remarqueriez que je garde toutes mes formes. Je suis prêt.
Comment passez-vous le temps en dehors des occupations familiales et des entraînements ?
Comme aujourd’hui puisque vous me surprenez avec mes coéquipiers dans ce restaurant. Dès que je rentre à la maison je me plonge dans la Rumba congolaise, les artistes Werra Son, Fally IPUPA et Ferre GOLA m’emballent le plus souvent.
En ligue des champions 2011, Mazembe revient de Casablanca avec une défaite, ça vous surprend ?
Les défaites font mal aux Badianguenas. Il a laissé quelques traces, ce faux pas à Casablanca. L'échec, c'est quelque chose qu'il faut savoir accepter. Je connais bien mon équipe qui jouera à Lubumbashi sans pression avec un but de retard. Nous nous battrons afin d’obtenir la qualification, et avec le soutien de tous on passera encore une fois. C'est capital pour notre avenir dans cette compétition dont nous détenons le trophée.
Un petit mot pour tes fans ?
Je sais qu’ils ne m’abandonneront jamais, leurs soutiens durant toute l’épreuve ont été pour moi un encouragement permanent peu mesurable. De tout cœur, un grand merci a tous. Et à bientôt, sur le terrain !