LETTRE A CLAUDE LE ROY
Gérer le présent, assurer le futur
2 septembre 2011
Cher Claude,
Au moment de recommencer une aventure au Congo, tu vas recevoir bien des conseils de toutes parts, alors que tu n’en as pas vraiment besoin. Tu es assez grand et tu connais suffisamment le pays (où tu reviens) pour savoir où tu t’engages.
En revanche, si tu réfléchis à la manière dont tu peux espérer changer l’ordre des choses dans le football d’ici, j’aimerais te souffler deux idées fondamentales.
La première réside dans la fonction. J’espère que tu as demandé les pleins pouvoirs pour être le vrai patron du football congolais. Un Directeur Technique qui aura son mot à dire partout, car l’équipe nationale ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. Il faut que tu secoues les branches, que tu mettes ton nez dans l’organisation des compétitions, dans la formation des cadres techniques, la formation des jeunes, celle des arbitres, des dirigeants, même celle des journalistes. Tu dois mettre ton grain de sel partout pour diriger, animer, superviser, projeter, impulser, superviser, coordonner.
S’il est sans doute un peu tard pour la qualification à la CAN 2012, tu peux conduire les Léopards au Brésil, pour le Mondial 2014. Ce serait formidable, oui, et tout le pays te redonnerait ton titre de grand sorcier blanc. Mais à quoi cela servirait-il si le football local ne sort pas de l’impasse ? S’il faut continuer à aller joueur sur des terrains marécageux, si les matches ne vont pas à leur terme, si les calendriers sont publiés à la hâte sans être respectés, si les supporters prennent les clubs en otage sans rien leur apporter, si fédération et ligues s’opposent au lieu de s’épauler, etc. ?
Demande à être entouré de gens compétents – il y en a – pose des structures et pense à bien gérer le présent mais surtout à assurer le futur. Pour que le football congolais ait un avenir.
Pour la deuxième idée, l’exemple de Nouzaret doit te servir. Voilà un entraîneur qui n’est jamais allé encourager le champion du Congo. Ni à Tunis pour la finale de la Ligue des Champions (à une petite heure de vol de chez lui) ni à Abu Dhabi pour le Mondial des Clubs. Un technicien qui n’a pas téléphoné une seule fois au coach de Mazembe pour avoir quelques renseignements sur la dizaine d’internationaux congolais du club. Un sélectionneur qui préférait suivre les matches sur satellite (c’est lui qui le prétend) plutôt que de s’inviter à la Kenya ou au stade des Martyrs.
C’est simple, mon cher Claude : fais tout le contraire de Nouzaret et tu auras toutes les chances de bien t’en sortir. Tu as trois ans pour ça. Bon courage !
Signé : Un Corbeau qui te veut du bien