Raymond BWANGA, Ballon d’Or africain 1973

Raymond BWANGA TSHIMENU : un géant du football congolais

AU RENDEZ-VOUS DES GRANDS ANCIENS

Raymond BWANGA, Ballon d’Or africain 1973

12 septembre 2011

Il aura marqué les annales de « France Football » en raflant la palme de meilleur joueur africain en 1973, devenant le seul Congolais à s’emparer du Ballon d’Or africain.  Avec 16 ans au service des Corbeaux, Raymond BWANGA TSHIMENU, défenseur de son état, a marqué l’histoire du TP Mazembe en participant aux trois premiers sacres continentaux 1967-1968 et 1980. Un très brillant et exceptionnel parcours qui lui valut le double brassard (TP Mazembe et Léopards du Zaïre).

Raymond réside désormais à Paris (France), mais nous avons eu la chance de le surprendre en fin de semaine à Lubumbashi, où il passe ses vacances.

Dites-nous d’abord qui vous êtes ?

Aujourd’hui, je me classe parmi les veilles gloires du TP et des Léopards de la RDC…(rires)  Mon nom est Raymond BWANGA TSHIMENU.

Comment avez-vous intégré Mazembe ?

Je suis un pur produit du club ! Nous sommes en 1963, j’ai 14 ans et l’on m’admet comme ramasseur de balles au stade de la Kenya. Mon souci était de me rapprocher des athlètes, qui une fois les entraînements ou les matches terminés, nous remettaient le ballon afin que nous nous amusions avec.

La même année, il fallait rencontrer un certain Léonard MWAMBA pour l’admission chez les juniors de Mazembe. C’est difficilement qu’une place m’avait été offerte, un jour juste avant un match : plusieurs titulaires absents, l’entraîneur - tout hésitant au départ - n’avait plus trop le choix ! C’est en tant qu’attaquant que j’ai fait mes premiers pas au TP en 1963.

Quand a démarré votre ascension ? 

J’ai eu une carrière rectiligne parce qu’en 1966, je suis champion du Congo avec Mazembe. L’année suivante, nous jouions la Coupe d’Afrique des Clubs, vainqueur en 1967-1968 et deux finales perdues en 1969 et 1970. En 1973, je gagne le 4ème Ballon d’Or de France football comme meilleur joueur africain, en 1974 le titre de champion d’Afrique avec les Léopards du Zaïre et je suis capitaine de la sélection nationale jusqu’au Mondial en Allemagne. Je referme ma carrière en allant gagner la Coupe d’Afrique des vainqueurs des coupes avec mon équipe, Mazembe, toujours en tant que capitaine.  

Parlons de ces quatre finales de 67 à 70, quelle était la force de Mazembe ? 

C’était la jeunesse et les talents qui placèrent Mazembe au sommet du football africain, nonobstant la volonté des dirigeants. Au cours de ces quatre années, permettez-moi de vous dire qu’il y a eu deux périodes : la première 1967 et 1968 avec deux couronnes de champions, et la deuxième qui a conduit notre équipe à perdre deux finales de suite 1969 et 1970.

La période la plus marquante pour ma part, c’est la deuxième : 2-2 à Kinshasa  en 1969 devant Ismaily d’Egypte, au match retour nous perdions 3-1 au Caire. Ces deux finales, je vous avoue que nos adversaires étaient redoutables, comme ce fut le cas de Kotoko de Kumasi en 1970. Les Ghanéens  étaient plus forts malgré le penalty manquait par TSHINABU alors que nous étions menés 2-1 à Kinshasa, cette franche occasion manquée nous plongeant dans un doute. Finalement, c’était une grande leçon pour nous, un excès de confiance qui nous a fait perdre cette finale in extremis.

Avez-vous une justification sur le passage à vide du TP, 1970-1980 ?

D’une part c’était devenu difficile, car avec notre réputation en coupes interclubs de la CAF, les entraîneurs des équipes adverses bâtissaient des dispositifs très rigoureux contre nous. Et de plus, certains coéquipiers marquaient le pas physiquement suite au grand nombre de matches disputés.

D’autre part, ce n’était pas un passage à vide parce que juste après la finale perdue de 1970, l’année suivante nous avions disputé les demi-finales et six ans après (1977) le TP est encore revenu en échouant au tour préliminaire. Sur la scène africaine, nous marquions toujours notre présence avec les joueurs de Mazembe qui se retrouvaient en force dans la sélection.

Mais là, ce sont des années où le nom de BWANGA dominait actualité ?

Oh ! J’avais fait mes preuves au TP, et comme l’histoire de la sélection nationale, depuis toujours, se confond avec celle des Corbeaux, c’est en grand nombre que nous nous retrouvions chez les Léopards, plus au moins 9 joueurs de Mazembe (KALAMBAYI, KAZADI, BWANGA, MWEPU, MBUNGWA, NGOYI, MUKOMBO, TSHINABU, etc.). C’était une occasion pour moi d’être comme un poisson dans l’eau en disputant 4 Coupes d’Afrique des Nations (1970, 1972,1974 et 1976) mais ma première convocation remontait à 1968.

Ma plus grande récompense durant toute ma carrière de footballeur, c’est le ballon d’Or France Football de meilleur joueur Africain en 1973. J’étais un défenseur « stoppeur », rendez-vous compte que je suis sorti du lot en devançant des attaquants talentueux. Quelle reconnaissance !

Et la Coupe du Monde en 1974, quels souvenirs ?  

Nous étions en Allemagne pour relever un défi : justifier notre réputation de meilleure équipe d’Afrique. Derrière cette motivation en tant qu’amateurs, nous pensions que nos vies devraient changer juste après cette Coupe du monde. Mais au contraire, ce fut la catastrophe à notre retour au pays, l’après coupe du monde est devenu un cauchemar pour certains d’entre nous. Un gros point noir dans notre carrière …

Déception ou faux-pas en Allemagne ?

Bien des rêves d’une jeunesse ont été anéantis par cette débâcle. Car, là pendant que les spectateurs ne cessaient de nous ovationner, le noyau de l’équipe nationale était à la dérive. Pas de primes, une ambiance de mécontentement  qui nous déstabilisa face aux grandes nations du football comme la Yougoslavie. Cette équipe possédait une bonne charnière centrale et des ailiers extrêmement rapides. Au final un score logique de 9-0. Pas étonnant.

J’ai porté le brassard de capitaine lors de Brésil - Zaïre (3-0) et Zaïre - Ecosse (0-2), deux matches perdus suite à des erreurs de jeunesse et un manque de discipline dans le jeu. Le plus facile était, placer le football zaïrois en bonne place dans cette vitrine mondiale.

Pour notre part, nous les joueurs de Mazembe « ambassadeurs de notre équipe en sélection », je crois pouvoir dire que nous n’avions pas démérité … (fin de la 1èrepartie)

A suivre dans la deuxième partie :

Raymond BWANGA revient sur les années qui ont suivi la participation au Mondial 1974, sa réputation en tant que Ballon d’Or France1973, le sacre des Corbeaux en 1980 : comment sont-ils arrivés à reconquérir l’Afrique. Mais aussi ce qu’il est devenu après la fin de sa carrière en 1981 … 

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