Un Ballon d'Or un peu triste :"Pourquoi la FECOFA nous ignore-t-elle ?"
AU RENDEZ-VOUS DES GRANDS ANCIENS
Raymond BWANGA : « Hambourg était à mes trousses…»(2 et fin)
15 septembre 2011
Son personnage était aussi admiré que son jeu. Raymond BWANGA, Ballon d’Or africain de « France Football » 1973, était un roc en défense mais il impressionnait aussi par de superbes gestes d’attaquant, comme lors de son but égalisateur en extra-times en 1972, lors d’un mémorable Mazembe – Lupopo.
« Je n’oublierai jamais le plus beau but de ma carrière, d’une reprise de volée alors que nous étions menés 1-2, et qu’au finish nous avons pu revenir à 2-2… » reconnaît maître Raymond, en narrant son histoire. Difficile pour nous d’admettre que KAMULEMBE Major, de Lupopo, était son modèle, et pourtant... Et le saviez-vous, notre « Grand Ancien » est le jeune frère de feu Robert KAZADI, ce gardien mythique du TPM.
Quelle équipe vous a le plus impressionné ?
Lupopo, qui était notre challenger depuis toujours… Quelles que fussent nos performances en Coupe interclubs de la CAF et chez les Léopards, il fallait à tout prix battre Lupopo pour justifier notre invincibilité. C’était toujours une opposition de haute facture.
Mazembe - Lupopo, quel est votre vécu personnel ?
Les années avant mon intégration chez Mazembe, les joueurs de Lupopo comme NZEKE et MUTOMBO NGANGA étaient de véritables poisons, et Mazembe perdait souvent sur des scores fleuves (5 ou 7-0). Notre arrivée stoppa l’hémorragie. Mazembe prendra par la suite sa revanche et Lupopo nous dominait rarement.
Après votre Ballon d’Or, à quoi pensiez-vous ?
Jouer en Europe était mon objectif. Bien avant, les Allemands de Hambourg étaient à mes trousses, précisément depuis 1969 ! Il y avait aussi les Ivoiriens de l’Africa Sports d’Abidjan, ou encore le Standard de Liège et quelques autres clubs qui sollicitaient mes services.
Mais le succès au pays où tout le monde me considérait comme un « petit prince du Zaïre » me comblaient et comme les dirigeants du TPM s’opposaient catégoriquement à mon transfert, je n’avais plus le cœur à m’expatrier.
Parlons un peu du sacre des Corbeaux en 1980…
Quelques années avant, Raphaël KATEBE KATOTO accéda à la présidence du club. Serviable, il lança une sérieuse opération : rechercher des jeunes talents avec comme objectif, faire renaitre des cendres une équipe de Mazembe qui était en proie aux difficultés.
En ma qualité de capitaine, j’avais en face de moi des garçons très compréhensifs et disciplinés. Notre dynamisme nous a conduits à remporter la Coupe d’Afrique des vainqueurs des coupes en 1980, année où le capitaine « champagne » Raymond BWANGA se décida à jeter les crampons !
Une retraite anticipée ou il était temps d’arrêter ?
Oh, plus de 16 ans c’était long, c’était trop !
Par la suite, qu’êtes-vous devenu ?
J’ai pris la direction de Paris (France) en 1981 pour des études spécifiques de technicien. Je me suis consacré à ma reconversion pendant 2 ans à l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance à Vincennes et je deviendrai conseiller sportif près de la commune desUllis dans l’Essonne où j’ai encadré des jeunes ce qui m’a permis de travailler comme éducateur attaché au département des sports.
On aime le sport dans la famille ?
J’ai 37 ans de mariage avec Madame LUMANDA KAHOPA ex basketteuse du BC Imana de Lubumbashi. De cette union sont nés 6 enfants qui se sont orientés dans différentes disciplines sportives (boxe, basketball, football). J’ai aussi un fils qui est entraîneur et ma fille fait du théâtre. Chez moi, je ne me lasse jamais parce que tout le monde est sportif.
Très strict, Raymond BWANGA, ne s’échappe aux habitudes des vieilles gloires : une analyse rigoureuse sur l’organisation sportive de la RDC et son TP Mazembe. « Je déplore la mauvaise gestion de notre football, des improvisations qui sapent la FECOFA. Je regrette que nous ne soyons jamais contactés par la FECOFA alors que nombre d’anciens joueurs ont de l’expertise. Nous mettre à l’écart pendant que la France profite de notre savoir-faire, c’est une aberration… »
Visiblement, l’homme se montre attristé en brossant la disqualification des Corbeaux en Ligue des Champions de la CAF : « C’est décourageant quand des gens dynamiques comme Moïse KATUMBI subissent un tel traitement…, et j’appellerai les joueurs à la discipline quelles que soient les circonstances. Chacun doit jouer son rôle au bénéfice de l’équipe. »
A 62 ans, Raymond BWANGA affirme n’avoir aucun regret.