AU RENDEZ-VOUS DES GRANDS ANCIENS
KABANGA dit « TOSTAO » : un artilleur de talent ! (1)
13 décembre 2011
Actif comme entraîneur en première division lushoise, à l’âge de 55 ans, Godefroid KABANGA BELEBELE surnommé « TOSTAO » était un phénomène en attaque du TP Mazembe en 1980. Le gamin né dans un quartier pauvre de la commune Kenya à Lubumbashi, a tout connu dans la sphère du football national à la fin des années 70. Vainqueur en finale de la Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe en 1980 avec les Corbeaux, l’artiste a illuminé de son talent dans les plus grands stades du continent à l’époque, mais aujourd’hui il est une star oubliée.
Porteur d’une licence C d’entraineur de la CAF, il s’est plongé dans cette difficile profession dès la fin de sa carrière et y est resté jusqu’à ce jour. Dans cette première partie du quatrième numéro d’« Au rendez-vous des grands anciens », notre interlocuteur brosse les péripéties de son passage de l’US Amato, au TP Mazembe et revient sur les contours du sacre de 1980.
- Tostao, parlez-nous un peu de vous…
Je suis entraîneur aujourd’hui principal du FC Simba évoluant en 1èredivision au championnat de l’Entente de football de Lubumbashi. Je suis un ancien joueur du TP Mazembe de 1975-1982. Voilà.
- Comment êtes-vous devenu footballeur ?
J’ai débuté ma carrière en 1970 chez l’US Amato. Nous nous entraînions à la cité des jeunes dans mon quartier et comme tout jeune ambitieux il était capital pour moi de montrer mon talent dans mon fief avant de rejoindre les équipes concurrentes. Après un passage au FC Banque Commerciale en 1974, et ensuite les dirigeants du TP Mazembe séduits par mes performances me recrutèrent en 1975.
- Justement, comment êtes-vous arrivé à taper dans l’œil du TP Mazembe ?
Moi, KABANGA, je ne pensais jamais porter un jour le maillot du TPM. Je me partageais entre le football et l’école (élève au centre professionnel de la Ruashi, section électricité) et la pratique du football au sein de l’équipe de la Banque Commerciale ne m’empêchait guère d’être régulier aux cours. Un jour, pendant que je poursuivais mon stage professionnel à Likasi (Jadotville), j’ai reçu la visite du secrétaire du TPM Camile Adolphe (devenu par la suite président) lequel me proposait un contrat alléchant. C’était un vrai tournant pour ma carrière, une opportunité superbe, et sans hésiter j’ai décidé de retourner très vite à Lubumbashi (alors Elisabethville) retrouver l’équipe.
- Quelle était votre motivation à l’époque ?
Pour moi, c’était quelque chose de magnifique. Après une démonstration au championnat de l’Entente, il était important de passer à un grand club. Mazembe était un club paradisiaque qui correspondait à mes talents « d’attaquant polyvalent ». Chez Mazembe toutes les structures étaient conçues pour que les joueurs puissent s’entrainer dans les meilleures conditions. Comme je n’avais jamais évolué dans un club aussi avancé dans ce domaine, je n’ai pas eu de problème de choix !
- Quel était votre principal défi à ce moment-là ?
La vie entière est un défi. Je dirais simplement qu’il était temps de vendre mon talent dans un grand club où les gens portent un regard différent sur vous. On voit clairement qu’ils se demandent si vous allez vous imposer. En 1967 et 1968 l’équipe était sur le toit de l’Afrique. Il était important que nous gagnions aussi avec ce maillot, mais la première année n’a pas été facile avec l’entraîneur KALAMBAYI. C’est l’année suivante (1976) que nous avons gagné la coupe du Congo face à Sanga Balende de Mbuji-Mayi. Au match à l’extérieur nous nous sommes imposés 4-1 et je me souviens du deuxième but qui a été marqué par moi. Au match retour à Lubumbashi, nous étions battus 1-0 mais avions gagné la Coupe nationale.
Qualifié pour la Coupe d’Afrique des Clubs, nous ne sommes pas allés bien loin, parce que nous avons été éliminés au premier tour par Lomé : 1 but partout à Kinshasa, mais 0-3 à Lomé, au Togo, pour le match retour. Il fallait se reprendre. C’était sous la présidence de feu KANKU KOLELA qui est décédé en 2001.
- Comment êtes-vous arrivés au sacre de 1980 ?
Les ressources financières et humaines sont un grand atout dans le football : Raphaël KATEBE KATOTO, frère aîné de Moïse KATUMBI, prenait les commandes de l’équipe en 1978. Puis ce fut le grand boom de 1979 : il recruta les meilleurs de la province du Katanga, l’entraineur KALALA, les joueurs MUTWALE, MUSEBA, NYENGE, MWELWA, KABUYA, MAKANGU, de sérieux renforts.
Nous constituions à l’époque l’artillerie lourde sur un terrain de football : le président KATEBE décidera que nous effectuerons un stage bloqué à Kinshasa pendant plus d’un mois. Grâce à une équipe homogène, rajeunie, des joueurs de qualité et un bon management, le TPM s’était remis sur orbite.
J’ai inscrit plus de cinq buts au cours de la précampagne et bien d’autres aux championnats (local et national) d’où m’est venu le surnom « TOSTAO ». Les sportifs qui m’ont surnommé ainsi se référaient à l’un des meilleurs joueurs brésiliens, de son vrai nom Eduardo Gonçalves de Andrade, plus connu sous le surnom de TOSTAO, qui marqua la période de gloire de la sélection auriverde pendant la décennie 60-70.
- Etiez-vous des 11 qui commençaient les matches en 1980 ?
(Rire) Bien sûr, j’ai fait tous les matches de cette saison où nous avons gagné la coupe et j’y figurais comme attaquant vedette de l’équipe. Et même en finale j’étais parmi les 11 de départ, à savoir :
La concurrence était rude, seuls les meilleurs avaient une place. Je me souviens de la double confrontation en finale (3-1 en notre faveur à l’aller, 1-0 au retour), le TP Mazembe avait quelques adversaires coriaces…
- Et après le trophée, n’avez-vous pas envisagé de quitter le club ?
J’ai été contacté par Africa Sports de la Côte d’ivoire, le feu journaliste TSHIMPUMPU avait même réussi à réceptionner mon billet pour Abidjan payé par les dirigeants du club ivoirien. Titre de voyage en main, il fallait par la suite obtenir un nouveau passeport auprès du Ministère des affaires étrangères. Je m’étais soumis à toutes les exigences pour obtenir ce passeport. Mais à la dernière minute alors que le document était déjà émis mais trainait encore au ministère, les locaux ont été pillés… Mon passeport perdu, c’était fichu et je n’avais plus d’autre choix que de rester…
- A suivre -