Master KALABA, le Zambien "dont vient la lumière" ...
INTERVIEW D’UN HEROS DE LA CAN 2012
Rainford KALABA : « Nous étions forts dans la tête »
1 mars 2012
On l’a surnommé le « Master » (le maître) des Chipolopolos. Et Hervé RENARD, son entraineur en sélection, résume joliment «il est celui qui nous apporte la lumière ». Rainford KALABA, feu follet zambien, a été un des meilleurs joueurs de la CAN. But contre le Sénégal, passes décisives (un superbe coup franc sur la tête de SUNZU contre le Soudan), gestes techniques de grande classe : notre Corbeau d’Or 2011 a rayonné et impressionné. Ecoutez-le.
- Avec le recul, quel souvenir gardes-tu de cette CAN 2012 ?
Le moment restera gravé à jamais dans ma mémoire, c’était une fierté pour moi et pour ma Zambie. Je retiens que grâce à une victoire en finale nous avons été sacrés champion d’Afrique et avons aussi honoré la mémoire de nos ainés décédés tragiquement tout près du stade qui accueillait cette finale contre les Ivoiriens.
- Comment s’est construit le succès de la Zambie ?
Nous avons joué ensemble, pour la plupart, depuis 2006. En fait, la grande partie de l’effectif en était à sa 4ème CAN. Un entraîneur très compétent, une tactique basée sur le collectif, une très bonne entente dans le groupe, le résultat a suivi.
- Quelles ont été les qualités zambiennes qui ont fait la différence ?
La technique et le physique étaient au point. L’élément le plus essentiel était d’être forts dans la tête. Mentalement préparés à toute épreuve, nous avons su faire face à des adversaires coriaces : la Guinée Equatoriale, la Lybie, le Ghana et la Côte d’Ivoire. Nous n’avons jamais été classés favoris, il fallait donc aborder chaque match comme une nouvelle aventure, sans penser à la victoire finale.
- Hervé RENARD a-t-il pris une part importante à cette victoire ?
Oui, son objectif était de disputer la demi-finale. Au fil des matches, il a compris que nous avions bien retenu ses leçons : « maintenir la hargne quels que soient les problèmes que nous posent l’adversaire ». Homme de caractère, Hervé RENARD est resté inébranlable dans la préparation de l’équipe. Ses priorités étaient d’avoir des joueurs au meilleur de leur forme et de bâtir une équipe capable de rivaliser avec toutes les sommités du football africain. Décomplexés, nous sommes arrivés au bout.
- As-tu conscience d’avoir figuré parmi les meilleurs joueurs de la compétition ?
C’est vous qui le dites, mais la première personne à me le révéler était le sélectionneur Hervé RENARD. En Angola lors de la CAN 2010, j’ai été plébiscité meilleur joueur zambien par lui. Une fois en Guinée-Equatoriale, il est revenu sur le même discours. Quand on a la confiance du sélectionneur, il est important de ne pas le trahir. Avant chaque match, il ne cessait de me le dire, ces propos ont semé en moi une sorte de révolte. J’ai travaillé à fond afin de mériter le respect de tous.
- Tu as évolué comme milieu offensif côté gauche, est-ce là ta meilleure place ?
Je ne suis qu’un joueur que chaque entraineur sait comment placer sur terrain. J’ai évolué comme milieu offensif côté gauche en application du dispositif tactique de notre sélectionneur. Lors de la CAN 2010, j’ai joué comme un médiateur central. Toutes les places au milieu de terrain me conviennent.
© Photos Georges NSIMBA - CAN 2012
- Si on fait jouer le TPM avec ses Zambiens contre le reste de la sélection championne d’Afrique, qui va gagner ?
(Rire)…Un match se joue durant 90 minutes, l’équipe qui s’est le plus appliquée sort vainqueur. Je rêve comme vous que pareille opposition soit organisée un jour…
Je ne sais rien dire à ce sujet, c’était la volonté de DIEU. Mon passage en Europe, échec ou pas, je pense que ce n’était pas le bon moment de tenter une aventure. Le retour en Afrique m’a permis de reprendre le mental, j’ai aussi remarqué que partout au monde vous pouvez réaliser vos rêves : devenir grand footballeur en gagnant des coupes et médailles. Mais je reste concentré pour la reconquête du football européen.
- A bientôt 26 ans, penses-tu toujours jouer en Europe ? As-tu eu des propositions ?
Je suis prêt, j’ai déjà joué en Europe et je connais certains obstacles que je n’ai pas franchis. Bien sûr, il y a eu des propositions pour moi, ce n’est plus un secret aujourd’hui. Les clubs qui veulent KALABA passeront par les dirigeants de Mazembe qui rendront officielles les propositions de transfert sérieuses.
- Es-tu prêt pour une grande saison avec Mazembe ?
C’est un défi, les supporters et dirigeants du TPM n’attendent que ça. Après avoir gagné une coupe avec la Zambie, il est important de gagner aussi en club. La réussite se prépare, il y a des étapes à franchir qui exigeront la communion de chaque joueur, des dirigeants et des supporters…