Jérôme CHAMPAGNE : « Mazembe, phare d’une Afrique en marche »

CONSEILLER DU TPM A L'INTERNATIONAL

Jérôme CHAMPAGNE : « Mazembe, phare d’une Afrique en marche »

18 avril 2012

Ancien diplomate ayant exercé pendant une quinzaine d’années dans les Ambassades à Oman, Cuba, Brasilia et aux Etats Unis. Secrétaire général adjoint puis directeur des relations internationales de la FIFA. Aujourd’hui conseiller de l’Autorité Palestinienne pour le Développement du Sport. Mais surtout conseiller du TP Mazembe pour les affaires internationales. C’est la carte de visite en bref de Jérôme CHAMPAGNE, un humaniste convaincu de l’universalité proactive du football, tombé sous le charme du TP Mazembe et de son président. Nous l’avons interviewé lors de son récent passage à Lubumbashi.

En quoi consiste la mission qui vous a été confiée par le Président Moïse KATUMBI et son comité directeur ?

La mission que m’ont confiée le Président KATUMBI et le Comité Directeur consiste prioritairement à les aider à poursuivre l’internationalisation du TP Mazembe. Déjà un « Géant » d’Afrique, ce club doit devenir selon son Président un acteur majeur du football mondial. Cela recouvre de nombreux aspects tels que les grandes questions de politique sportive, la mise en place de partenariats pour le TPM avec des grands clubs des autres continents, le renforcement de sa communication et de sa présence en dehors du continent, etc.

Il est clair pour moi que lorsque l’on voit les projets engagés par le club, d’abord au niveau des résultats sportifs avec des objectifs très élevés, et aussi au regard des investissements pour l’avenir, l’ambition est là. Avec la création de l’Académie, la construction du nouveau stade, la volonté d’un TP déjà vice-champion du monde des clubs en 2010 mais à terme encore plus présent dans le monde

Un ancien secrétaire général adjoint de la FIFA au service du Tout Puissant Mazembe, c’est plutôt inattendu. Comment le contact s’est-il établi et qu’est-ce qui vous a motivé pour accepter cette fonction ?

Pour ceux qui me connaissent et qui connaissent ma passion pour le monde, il n’y a rien d’inattendu. En fait, c’est par l’intermédiaire du Président de la Fédération Congolaise de Football Association, M. Constant OMARI, qu’une invitation de la part du Président Moïse KATUMBI m’est parvenue pour découvrir les réalités du club, celles de Lubumbashi et du Katanga.

Jérôme CHAMPAGNE (à droite) aux côtés du Président OMARI

Et là, j’ai été fasciné par ce que j’ai vu, entendu et ressenti. Un club qui avance avec une vraie vision, certes très ambitieuse mais une ambition servie par les moyens de cette ambition. Un club qui est le phare d’une ville, d’une province et d’un pays, soutenu par la passion d’un peuple.

Et puis, un club au service d’un combat que j’ai toujours ressenti comme le mien quand j’étais à la FIFA, le combat de montrer au reste du monde, une Afrique qui marche, qui réussit, qui se bat pour son avenir et sa place dans le monde. Sans complexe, avec ses talents, ses qualités et ses ressources.

Tout cela est très très motivant !

Quels étaient jusque-là vos rapports avec l’Afrique ? Avec le Congo ? Vous avez assisté au match TPM – Power Dynamos. Quel souvenir en gardez-vous ?

Mes rapports avec l’Afrique ? Anciens, passionnels, divers. L’histoire du continent si riche et la lutte pour sa liberté. Avoir rencontré Nelson MANDELA avec ma famille à Zurich en mai 2004 après l’attribution de la Coupe du monde 2010. Des visites touristiques au Malawi, au Sénégal, en Ethiopie, au Ghana, en Afrique du Sud, à Djibouti et d’autres. De la musique de Youssou NDOUR à Hugh MASEKELA, d’Ildo LOBO à Cheb MAMI, d’Oum KALTHOUM à la musique éthiopienne et la musique tanzanienne en swahili ! De la peinture du Malawite CHILINDA au Sénégalais SOBY !

Et puis le foot africain dans tous ses joueurs, équipes, succès et défaites sportives. Et toutes ces années à la FIFA pour la première Coupe du Monde sur le continent, les programmes de développement, le soutien aux fédérations de football du continent, la mise en place de règlements (indemnités de formation, protection des mineurs, joueurs binationaux, etc.).

Alors bien sûr le Congo visité à quelques reprises, les commentaires passionnés d’un Claude LEROY sur les talents dont regorge le pays, oui, je connaissais un peu.

Mais assister à un match comme celui du 8 avril, TP Mazembe – Power Dynamos, c’est comme une renaissance du football : passion, dévotion, fête, qualités techniques des joueurs, une victoire comme une réhabilitation. « Tuba uwe ! Tuba uwe ! »

Que pensez-vous apporter au TP Mazembe ? A votre sens, quelles doivent ou peuvent être les ambitions du club ?

Il est trop tôt pour donner un diagnostic, voire même un peu arrogant de donner une telle réponse. Néanmoins, les ambitions du club données par le Président KATUMBI sont claires. Etre au sommet du football africain en lui montrant aussi les méthodes pour y parvenir et y rester. Amener le TP dans le groupe des grands clubs du monde afin qu’il devienne un modèle mais aussi un témoignage de ce que l’Afrique est et peut être !

Votre vécu vous vaut d’être considéré comme un expert en prospective dans le domaine du football international. Comment voyez-vous son évolution ?

Elle est mixte et complexe. On peut observer d’énormes succès avec le football devenu et de loin le sport n°1 dans le monde, représentant un vrai véhicule d‘une universalité rapprochant les peuples et les nations, et soutenu par une croissance financière, économique et commerciale impressionnante, une FIFA seule institution internationale et sportive à redistribuer un tiers de son budget.

Mais aussi un football objet d’une globalisation mal régulée, avec des inégalités croissantes entre les continents, entre les pays et aussi entre les clubs d’un même pays et d’une même compétition. Des rapports de force qui évoluent peu entre les continents avec par ex. l’Afrique qui demeure un exportateur de talents mais éprouve des difficultés pour la professionnalisation de ses compétitions nationales. Une évolution vers un élitisme centré sur une dizaine de clubs ouest-européens et sur deux-trois compétitions ouest-européennes concentrant et monopolisant les joueurs, les revenus et les images au détriment du football dans les 180 et plus autres pays du monde ! 

C’est donc là que la FIFA doit jouer tout son rôle car elle seule peut corriger ces inégalités et ces évolutions de fond du football au 21èmesiècle. Avec ses règlements, ses programmes de développement, ses compétences statutaires, la FIFA peut et doit – encore plus qu’avant - mettre en place une gouvernance proactive pour le bien du football mondial et au service de ce dernier.

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