Le pape du football mondial (Photo FIFA/FOTO-NET)
INTERVIEW EXCLUSIVE DU PRESIDENT DE LA FIFA
Sepp BLATTER : « Je souhaite qu’une équipe africaine remporte la Coupe du Monde… »
5 mai 2012
Savez-vous qui est le patron d’une multinationale qui regroupe 300 millions d’employés dans 208 entreprises sur 6 continents ? De quoi rendre jaloux Bill Gates lui-même… Réponse : c’est Sepp BLATTER, inamovible président des 208 fédérations affiliées àla FIFA, pape du football mondial. Il est le 8ème président élu de la FIFA depuis sa création en 1904 et s’est vu confier un quatrième mandat en juin 2011. Organisateur de cinq phases finales de Coupe du monde, il a la stature d’un chef d’état. Grâce à Jérôme CHAMPAGNE, conseiller en affaires internationales du TP Mazembe, notre site a eu le privilège d’obtenir une interview exclusive du grand maître de la planète football. La voici.
Au cours des dernières années, vous avez apporté un large soutien au football africain concrétisé par la première Coupe du Monde organisée sur le continent en Afrique du Sud 2010. Pourquoi ce penchant marqué pour l'Afrique et quelles sont les attentes du Président de la FIFA en matière de développement du football africain ? Racontez-nous, quels ont été les premiers contacts de Sepp BLATTER, Valaisan, ancien arbitre, avec l'Afrique ?
En fait, le soutien de la FIFA au football africain remonte déjà à plusieurs décennies. Il y a 36 ans, en février 1976, je présentais pour la toute première fois les programmes de la FIFA pour le développement du football. C’était au Congrès de la CAF, à Addis-Abeba.
Le développement du football est l’une des missions clés de la FIFA. Le continent africain, vous le savez bien, doit faire face à des défis économiques parfois très difficiles. En même temps, l’Afrique est un formidable berceau de joueurs de grand talent. Il suffit d’étudier les effectifs des plus grands clubs de la planète pour le vérifier. Et le football africain dispose assurément d’un potentiel très étendu. Pour toutes ces raisons, il est naturel que l’Afrique bénéficie majoritairement des programmes de développement. Mais je tiens à préciser que ceux-ci s’adressent au monde entier et répondent donc également aux besoins des autres continents.
Si la FIFA est en mesure d’agir comme moteur du développement, il est essentiel que le flambeau soit ensuite portépar les acteurs du football africain au quotidien, àsavoir les structures mêmes du football, de la fédération jusqu’aux clubs. Ce point est absolument crucial. La dernière Coupe d’Afrique des Nations, avec en point d’orgue une finale d’une rare intensité entre la Zambie et la Côte d’Ivoire, a une nouvelle fois montré toute la dimension du football africain aujourd’hui. Mon souhait le plus cher en la matière est qu’une équipe nationale africaine remporte un jour la Coupe du Monde de la FIFA. A propos, permettez-moi de saisir cette opportunitépour rappeler une nouvelle fois combien la Coupe du Monde de la FIFA 2010 organisée en Afrique du Sud a étébénéfique pour le continent. Elle a changé le regard du monde sur l’Afrique.
Un centre « Football for Hope » à Lubumbashi
La FIFA consacre une partie de ses ressources budgétaires à l'aide aux fédérations à travers des initiatives comme le "Projet Goal" ou "Football for Hope" entre autres. Comment se situe la RDC dans ce cadre ?
Au-delà du programme d’assistance financière de la FIFA, la FECOFA a bénéficié de six projets Goal qui ont notamment permis de soutenir la construction d’un centre technique, de réhabiliter le siège de la Fédération ou encore de réaliser trois terrains synthétiques, dont deux à Kinshasa et un à Lubumbashi. La FIFA a aussi réalisé, dans le cadre de son programme « Gagner en Afrique avec l’Afrique »- initié en amont de la Coupe du Monde de la FIFA 2010 avec pour objectif de faire bénéficier l’ensemble du continent africain des retombées de la première Coupe du Monde en Afrique -, le terrain synthétique du stade des Martyrs de Kinshasa. Par ailleurs, la Fédération a reçu des dotations d’équipements Adidas et s’est vu régulièrement octroyer des séminaires de formation dispensés par la FIFA.
Au niveau des activités menées par la FIFA au titre de sa responsabilité sociale, la RDC a été choisie pour abriter l’un des 20 centres « Football for Hope » construits dans le cadre de la campagne officielle de la FIFA « 20 centres pour 2010 » lancée en marge de la Coupe du Monde 2010. Grâce àcette campagne, 20 centres alliant football, éducation et santé en faveur de la jeunesse seront construits en Afrique. Tel sera le cas à Lubumbashi où la FIFA y implantera, d’ici mi-2013, un centre « Football for Hope »conjointement avec la fondation George Malaika au profit de la communauté de Kalebuka.
A Abu Dhabi 2010, Mazembe a écrit une page d’histoire…
Vous avez fait la connaissance du Tout Puissant Mazembe lors des Coupes du monde des clubs 2009 et 2010 à Abu Dhabi. Quel souvenir vous a laissé ce club ?
J’ai été très impressionné par la qualité du jeu mais aussi par les ressources morales et la force du collectif du Tout Puissant Mazembe en 2010. Arrivés peut-être un peu timorés en 2009, les joueurs et leur encadrement avaient alors dû se contenter du sixième rang, sans pour autant avoir démérité, loin s’en faut. Puis, l’année suivante, quel parcours ! L’équipe a su tirer le meilleur d’elle-même pour écrire une nouvelle page de l'histoire du football : la qualification, pour la toute première fois, d’une équipe africaine à la finale de la Coupe du Monde des Clubs. Rien de moins ! La défaite ultérieure contre l'Inter Milan, certainement douloureuse, est presque anecdotique. Lors de ce tournoi, le TP Mazembe a porté très haut les couleurs du football africain de clubs. C’est une fierté et un encouragement pour l’avenir. Je garde également en mémoire l’accueil particulièrement agréable que m’avait réservé la délégation du club.
Moïse KATUMBI, le président du TP Mazembe, vient récemment de faire son entrée à la Commission Stratégique de la FIFA. Quel commentaire faites-vous à ce sujet et qu'attendez-vous de l’un des hommes forts du football congolais ?
La Commission Stratégique est appelée à jouer un rôle majeur dans la définition des grandes orientations de la FIFA. J’ai voulu y inclure toutes les familles qui composent la grande communauté internationale du football et notamment les clubs. J’ai l’habitude de dire que les clubs sont à la base de la pyramide du football mondial. Ils représentent notamment les premières structures d’accueil des joueuses et des joueurs. En cela, ils jouent un rôle absolument fondamental. La nomination du Président du TP Mazembe, Moïse KATUMBI, est une reconnaissance à la fois de son travail personnel au sein d’un club de grande envergure sur l’échelle planétaire et de la place du football africain dans le monde.
Avec le chairman KATUMBI à Abu Dhabi.
« Je suivrai les jeunes du TP Mazembe à Zurich »
Une équipe du TP Mazembe va participer à l'édition 2012 du Tournoi FIFA Blue Star de Zurich. Pour y avoir vous même participé comme joueur, que pouvez-vous dire aux jeunes Congolais à propos de cette compétition ? Comptez-vous honorer le tournoi de votre présence comme vous en avez l'habitude ?
Le Tournoi Juniors FIFA / Blue Stars est une compétition qui me tient particulièrement à coeur car elle consacre le football des jeunes, en d’autres termes, l’avenir de notre discipline. Vous avez raison : j’ai eu la chance d’y participer. J’avais même joué à l’époque contre Bobby Charlton et son célèbre club de Manchester United. Quel souvenir ! Nos routes se sont croisées à maintes reprises depuis, sous l’égide de la FIFA.
Cette année encore, j’assisterai avec beaucoup de plaisir à la 74ème édition de cet événement. Je souhaite aux jeunes du TP Mazembe de déployer toute l’étendue de leur talent, de toujours donner le meilleur d’eux-mêmes et de jouer en observant les règles du fair-play. J’espère que cette expérience leur sera, en tous points, fructueuse. Je suivrai leur parcours avec beaucoup d’attention.