Régis LAGUESSE : « Rendez-vous dans 5 ou 6 ans… »

Régis au milieu des Académiciens : le sourire de l'éducateur

NUMERO 10 DE « EN DIRECT AVEC… » (1)

Régis LAGUESSE : « Rendez-vous dans 5 ou 6 ans… »

6 juin 2012

Dès l’ouverture de la séquence n°10 de la rubrique « En direct avec… », vos questions à Régis LAGUESSE sont arrivées, à un rythme régulier, dans la boîte CONTACT du site. Souvent les mêmes d’ailleurs, ce qui montrent que vous avez les mêmes préoccupations quant à la Katumbi Football Academy ou aux U20 de Mazembe. Le coach Régis vous a répondu de façon simple, précise, en cherchant à bien se faire comprendre. Voici la 1ère partie de ses réponses.

Quel est l’âge maximum pour être admis à la KFA? Quelles sont les garanties que l'Académie réserve à ses poulains après formation?

13 ans c’est l’âge maximum pour intégrer la KFA pour six ans d’apprentissage. Nous ne garantissons aucun avenir professionnel pour nos élèves, nous nous limitons à garantir une bonne éducation en transmettant aux jeunes  des fondamentaux nécessaires pour leur épanouissement et leur passage au professionnalisme. La réussite des Académiciens dépend de la volonté et du courage de chacun.  

Certaines provinces semblent sacrifiées au moment du recrutement. Quels sont vos critères de choix ?

L’immensité de la RDC est un épineux problème pour le recrutement. La question de la détection des talents relève de la compétence de la direction technique nationale. A notre niveau, à la KFA, les enfants ne viennent pas vers nous, il y a des éducateurs que nous avons ciblés à travers certaines villes et qui nous servent de filtres. La proximité est un élément clef sur lequel nous nous basons. Une fois les oiseaux rares détectés, je vais les superviser. C’est ce que nous ferons pour la deuxième promotion qui ouvrira dans les prochains mois. 

(Bernese LUKIFIMPA – Boma, Esdras KATEMBO – Goma, Freddy LUNKEBA- Matadi)

Sur quels critères vous êtes-vous basé pour la sélection des U20 ? Que comptez-vous faire pour garder ces jeunes aux frais et aussi enrichir le groupe d'autres talents dans les autres provinces ?

Tout a dû être fait très vite. Des joueurs qui correspondaient aux critères ont été regroupés par les coaches David MWAKASU et Balthazar KUNGILA, entre les mois de novembre et décembre de l’an dernier. J’ai étoffé le groupe avec des jeunes de Kinshasa que je connaissais déjà. Ensuite, nous avons mis sur pied une équipe entre janvier et mars, et un planning de préparation qui nous a conduits d’abord à Bruxelles avant d’aller à Zurich (Suisse) et Ergenzigen (Allemagne).

Personnellement, je tiens à la survie de cette équipe de façon à avoir une passerelle entre la KFA et l’équipe professionnelle. Je suis rassuré car la direction du club a également cette ferme volonté de garder les U20.

Comment intégrer votre groupe de joueurs, je suis un jeune manager au Maroc et à Kinshasa, j’ai de bons joueurs qui ont un talent énorme !

Pour les talents qui viennent d’ailleurs, intégrer la KFA ou les 20 n’est pas facile. Ils devront être très, très forts, bien plus fort que les locaux. Ce n’est pas le cas en ce moment où nous retrouvons à Lubumbashi, Kinshasa et d’autres villes du pays de vraies pépites. Côté U20, nous avons déjà un noyau qui était avec nous en Europe, priorité à ceux qui ont placé des jalons.

« La 2ème promotion démarrera en septembre… »

Quel sentiment avez-vous éprouvé quand vous avez été nommé à la tête de la KFA dans un pays aussi immense comme la RDC ? Quel programme avez-vous exactement pour dénicher les jeunes talents ?

Un profond sentiment de bien être, car j’avais eu la chance de travailler une année avant en RDC. Ce pays est immense et sa grandeur ne cesse de m’inspirer mais si elle complique parfois la tâche pour dénicher les talents. Et les gens ici ont un enthousiasme communicatif pour le football.

Nous démarrerons la deuxième promotion de la KFA en septembre 2012. Je travaille avec des collaborateurs et prends aussi des contacts avec des éducateurs, et enfin je multiplierai les visites pour me rendre compte sur le terrain de la qualité des jeunes qui seront retenus. Pour la prochaine promotion, 80% des pensionnaires seront des locaux et les 20% viendront d’autres villes. 

(Emile MOMBAYA – Kisangani, Eliezer LUKENGU – Kinshasa, Rémy BAGALWA – Goma)

Quel est l'objectif final de votre projet de formation à la KFA à titre personnel au-delà du fait que vous avez pour objectif de former et promouvoir de jeunes talents ? 

Avoir la même réussite que celle d’Abidjan avec Jean Marc GUILLOU. A mon époque, nous avions encadré 51 jeunes, aujourd’hui nous comptons 47 professionnels issu de ces trois promotions. Si j’arrive à le faire pour Mazembe et la RDC, grande sera ma satisfaction d’accompagner la volonté de Moïse KATUMBI.

« Un jour, la KFA devra être une référence »

Pensez-vous que la KFA pourrait atteindre le niveau qu'avait l'Académie Mimosifcom d'Abidjan? Les enfants que vous avez formés étaient très jeunes par rapport à ceux que vous avez actuellement… Avec tous les atouts dont vous disposez au TP Mazembe, êtes-vous capable de faire mieux qu´à Abidjan?

Pourquoi pas faire aussi bien, c’est mon réel souhait. J’ai tous les éléments indispensables pour réussir le projet, le reste dépend de la volonté de nos pensionnaires… Mais faire mieux, admettez que ce sera difficile…

La réussite individuelle des Académiciens d’Abidjan a été favorisée par la solidité du groupe. Pensez-vous garder assez longtemps ces jeunes ensemble afin de les aider à mieux s’épanouir au lieu de les envoyer dans les clubs de la région ou la qualité des entraînements laisse à désirer ?

La formation dépend toujours de la volonté humaine et pédagogique. Ces facteurs doivent être maitrisés pour chaque pensionnaire, lequel devra avoir un objectif élevé lors de son intégration. Ainsi, chacun favorisera la réussite de tout le groupe. Il est indispensable que l’on consacre suffisamment de temps à ces jeunes de 13 ans : 6 ans de formation avant de passer chez les U20, c’est un vécu commun très important.   

Croyez-vous qu'avec la jeunesse mazembienne, la RDC aura un jour des stars du football mondial comme cela a été le cas avec la Côte d'Ivoire ? Quelle comparaison entre la génération des Touré et l'actuelle génération mazembienne ?

Il y a une condition pour réussir une formation complète et aboutie. A Abidjan, nous avons ouvert les activités avec la génération TOURE en 1994 pour finir en 2000. Tout est possible, soyons patients et ne commettons pas d’erreurs. La rigueur dans nos choix permettra qu’un jour la KFA soit une référence. Je ne trouve pas de différence entre ces générations, des deux côtés il y a des talents identiques.

Comparativement à la Côte d'Ivoire qu'est ce qui manque pour que les jeunes Congolais trouvent des grands clubs? Qu'est-ce que nos jeunes ont de particulier que vous n’avez pas observé en Côte d'Ivoire ?

Au Congo, il manque une formation organisée alors que les grands Eléphants  d’aujourd’hui sont les fruits de l’académie à l’exception de DROGBA.         

Lors de mon passage en Côte d’Ivoire, les familles des jeunes Académiciens ne pensaient rien qu’à leur réussite dans le football. Aujourd’hui, quand les parents envoient les enfants dans une académie, ils pensent à l’argent et ça influe sur le déroulement de la formation. Sur le plan technique, les jeunes Ivoiriens et Congolais partagent certaines qualités. Il y a un grand réservoir de talents dans les deux pays.   

 

(Arsène KALENGA – Kinshasa, Freddy YEDIYAW - Caxito en Angola, Jerry MPELA – Abidjan, Adam POUMIE – Yaounde, Nicaise MULENDA – Kinshasa, David MUKISA – Goma, Bienvenu MUSANGU – Kigali/Rwanda)

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