Une image de notre championnat "professionnel"...
ORGANISATION DU FOOTBALL CONGOLAIS
Une seule priorité : changer de mentalité
2 novembre 2012
Dans un pays où le mot organisation a un sens, les fédérations sportives gèrent leurs activités par délégation du Ministère des Sports. Quand il s’agit d’un sport professionnel, ces fédérations délèguent elles-mêmes leur pouvoir à une ligue professionnelle.
En France, par exemple, la LPF (Ligue de Football Professionnelle) et la FFF (Fédération Française de Football) établissent leurs calendriers en toute autonomie. Chacun sait à l’avance que la nouvelle saison de Ligue 1 s’étalera grosso modo de début août à fin mai, la légère variation pouvant venir du fait qu’il y ait, à son terme, une compétition européenne ou mondiale.
Ainsi lorsqu’ils partent en stage préparatoire, en juillet, les 20 clubs connaissent leur programme qui ne subira que de très minimes modifications, en cas d’intempéries ou d’événements imprévisibles. Les télévisions interviennent dans le décalage de certaines rencontres pour les adapter aux grilles des retransmissions pour lesquelles elles paient cher, mais là encore, tout est réglé bien à l’avance.
Pour établir le calendrier, la LFP se sert d’un ordinateur dans lequel elle introduit toutes les données nécessaires, avec en tête de liste les dates FIFA et celles des championnats européens (UEFA) qui sont prioritaires. Reste simplement à répartir les 38 journées et la Coupe de France. Mais dans tous ces calculs, les représentants français en coupes européennes bénéficient d’une « protection » pour pouvoir se préparer au mieux et donner la meilleure image possible de leur pays… Le Ministère, lui, regarde tout cela de loin, sans jamais mettre son grain de sel dans la moulinette de l’ordinateur.
Pourquoi le Congo n’y arrive pas
Est-il permis d’espérer qu’un jour les choses se déroulent d’une manière analogue au Congo ? Certes, on peut toujours rêver, mais il coulera certainement beaucoup d’eau sous les ponts avant d’y arriver. Non pas pour une question de moyens matériels, car dans ce domaine on pourrait trouver de l’aide et peut-être même un ordinateur avec un programme dédié. Non pas pour des raisons extérieurs car les dates FIFA sont les mêmes dans le monde entier et la CAF programme également ses échéances à temps. Au TP Mazembe, le coach Lamine NDIAYE avait d’ailleurs concocté un calendrier grand format où toutes les dates internationales connues étaient remplies (avec une couleur pour chaque compétition) et où il ne restait plus qu’à répartir les journées de la Linafoot.
Un travail sans suite.
Mais alors pourquoi le Congo ne peut-il faire comme les autres ? Pour une question de mentalité. Parce que nos (ir)responsables, des fédérations et des clubs, n’ont ni la même éthique ni les mêmes priorités. En RDC, c’est malheureusement la politique des « arrangements », des combines et des alliances en dessous de table qui passent au-dessus de toute autre préoccupation. Avec un arrière plan politique non négligeable quand il ne s’agit pas de la stupide rivalité entre la capitale et la cité minière. Sportivité, patriotisme, fairplay, solidarité nationale, ambition de rendre le football plus fort ? Que nenni, rien de tout cela. Jalousie oui, d’abord.
« L’union sacrée » des Kinois…
Comment les dirigeants de V. Club ont-ils pu se cacher derrière ce prétexte grossier de l’absence d’une information officielle sur le lieu du match contre le TPM quand l’Afrique entière et les autres clubs de D.1 ont admis depuis longtemps que les Corbeaux jouaient désormais à Kamalondo ? Le ridicule ne tue plus…
On comprend mieux quand on a lu, dans cet article paru le lundi 22 octobre sur le site Irisfootball.com, signé Olivier SEFU, le passage suivant : « Dans pratiquement 3 journées, le championnat de la D.1 va se clôturer… A quelques jours de la fin de la saison, l’union sacrée commence à se faire sentir chez les Kinois. Les sportifs de la capitale tiennent mordicus à ce que le trophée soit remporté par une des équipes de Kinshasa. Les clubs kinois souhaitent s’unir pour que leur football retrouve son statut d’antan. Après avoir été à plusieurs reprises victimes d’actes de vandalisme à Lubumbashi, les Kinois ont pris l’option de s’unir sincèrement. L’appel à l’union sacrée n’est plus un secret... Leurs dirigeants exhortent les supporters à apporter leur soutien inconditionnel à V. Club et DCMP en vue de barrer la route du sacre à Mazembe qui garde le brevet d’invincibilité depuis 2009 au niveau du championnat national. La tâche ne sera pas facile étant donné que Mazembe est souvent fort psychologiquement… »
Sans commentaires.
L’Angola : quelle magnifique leçon !
O combien significative, elle aussi, cette contribution que nous postait jeudi Joao Ndoli MBAO : « Chez nous en Angola, notre championnat « GIRABOLA 2012 » vient de connaître une prolongation de deux semaines suite aux retards dus à la prestation de l’équipe Interclube en compétitions africaines (Trophée Nelson MANDELA) et les préparations des Palancas Negras pour la CAN 2013. Interclube est en train de récupérer ses matches de retard et ses adversaires n’en font pas un problème malgré qu’ils sont pénalisés par le budget et le contrat de joueurs étant terminé à la date prévue au premier calendrier. C’est le cas du joueur brésilien RIVALDO évoluant chez Kabuscorp. Son contrat est terminé mais Kabuscorp continue son parcours pour livrer son dernier match. Mazembe a été un ambassador pour toute la RDC et c’est une formation que nous envions chez nous et respectons beaucoup. Quand on parle du foot en RDC, nous autres Angolais nous voyons TP MAZEMBE. C’est un patrimoine pour votre pays. Pourquoi vous… »
Le jour où les clubs changeront de mentalité et suivront cet exemple, l’organisation du football congolais sera devenue aussi facile que de cuisiner un bukari au poulet.