Richard MACKONGA : « Aveugle, celui qui ne veut pas voir »

MACKONGA avec à ses côtés l'homme qui a guidé ses pas...

AU RENDEZ-VOUS DES GRANDS ANCIENS (Partie 2)

Richard MACKONGA : « Aveugle, celui qui ne veut pas voir »

21 mars 2013

Dans la deuxième partie du « rendez-vous des grands anciens » consacré à Richard MACKONGA, l’homme nous parle de la fin de sa carrière, sa reconversion comme entraîneur  au TPM. Et aussi, la vision qu’il a du TPM.  Un club qu’il voit mieux que beaucoup d’autres…

C’est seulement en 1999 que Richard dispute son dernier match sous le maillot du TPM. Il se souvient : «  je n’ai gagné qu’une Coupe nationale en 1987 à mon arrivée au TPM. Par la suite, Mazembe n’a plus rien gagné jusqu’à ce que je prenne ma retraite en 1999. Seuls les supporters ultras du TPM qui sont restés au chevet du club durant tout ces pénibles moments me connaissent bien. Dans le grand livre d’histoire du TPM, on ne parle pas assez - voir même pas du tout - de MACKONGA qui a souffert avec son club… » Avec amertume, « Petro Atlélico » (son surnom) se souvient d’une rocambolesque histoire d’un TPM sans maillots : « Je ne souviens plus de l’année, ni même de notre adversaire qui était bien habillé, lors d’un match au stade Mobutu (actuellement Kibassa), pendant que Mazembe collectait 4 ou 5 maillots d’un jeu, 5 vareuses d ‘un autre qui pouvait être soit noir soit blanc, pour monter avec sur le terrain… »

Même si MACKONGA se sent oublié dans les archives du TPM, il se félicite d’avoir su prouver au club une grande fidélité : « Je m’estime heureux de n’avoir pas fui le TPM dans les moments de turbulences. C’est une fierté aujourd’hui parce que après avoir vu Mazembe sans équipement pour un match, j’ai revu ensuite Mazembe distribuer des maillots aux équipes qui n’en avaient pas. »

Comme récompense, le Chairman l’avait intégré comme entraineur assistant dans le staff de MWAMBA BONSO, reconduit à l’avènement de David MWAKASU et maintenu aussi sous l’ère de Joseph MUKEBA : « C’était un grand challenge et une grande satisfaction de ma part de participer au redressement de l’équipe avec l’arrivée du président Moïse KATUMBI qui me chouchoutait pendant que j’étais joueur. En tant que préparateur physique, j’ai gagné la Linafoot et la Coupe du Congo en 2000. C’était une fulgurante ascension pour une équipe de Mazembe qui n‘avait plus gagné depuis 1980, ceci avec un nouveau et ambitieux président, Moïse KATUMBI, et aussi une réussite pour moi-même : un ancien joueur devenu entraîneur adjoint qui emmène l’équipe jusqu’au sommet du football congolais. »

Le jour où ses yeux se sont fermés…

Un TPM new lock grâce au président Moïse se lance alors dans la reconquête de l’Afrique. En Ligue des Champions 2001, l’équipe hérite en quart de finale de Mamelodi Sundowns, Espérance de Tunis et Julius Berger : «  Après la défaite (1-0) au premier match au Nigéria contre Julius Berger, nous sommes rentrés à Lubumbashi préparer le deuxième match. Depuis le Nigéria, j’avais ressenti certains malaises liés à la vue. Mais c’est seulement à mon retour à Lubumbashi, à la fin d’une réunion avec tous les membres du staff technique, que tout s’est assombri dans la salle. J’ai ensuite demandé à David MWAKUSU pourquoi il n’y avait plus de lumière dans la salle. Personne ne m’avait répondu pensant que je plaisantais… Ensuite, j’ai ressenti une paralysie faciale et j’ai vite été emmené à l’hôpital pour une prise en charge. Hélas, tous les moyens financiers mis en jeu par le président Moïse pour que je retrouve la vue, étaient vains. J’ai suivi des traitements entiers dans les plus grands hôpitaux sud-africains, mais sans résultat. La tumeur au cerveau était inguérissable, elle m’a rendu aveugle. » En larmes, MACKONGA révèle qu’il n’aime pas se souvenir de ce jour mémorable.

De joueur emblématique à l’époque au poste d’entraîneur avant le retour au pays du Chairman, MACKONGA a bien été guidé par Moïse KATUMBI : « C’est assurément l’homme de ma carrière ! C’est l’homme qui m’a permis d’avoir le parcours que j’ai eu et de me maintenir malgré mon état de santé. J’avais traversé évidemment des périodes difficiles, comme cela arrive à tous les joueurs… A un moment donné on commençait sérieusement à me critiquer. Alors, il m’a pris à part et m’a dit : c’est simple, tu ne réponds plus aux questions des supporters, tu deviendras un bon entraîneur. Cela m’a marqué. En tant que dirigeant qui sait très bien orienter ses joueurs et ses collaborateurs, Moïse KATUMBI est un grand homme plein de bon sens. Je le considère encore comme le meilleur président du TPM de tous les temps, et je ne suis pas le seul à le penser! Si j’avais encore la vue, son rêve pour moi se réaliserait… »

MACKONGA ne lâchera jamais son TPM

Ami aujourd’hui d’un poste radio qu’il ne lâche pas, où qu’il se trouve, Richard MACKONGA suit de près les informations de son club. : « J’ai perdu la vue qui me rapprochait plus de la vie du club, mais ma radio et mon entourage me renseignent sur Mazembe. Les deux sources ne me suffisent pas, raison pour laquelle, je viens fréquemment aux entrainements et aux matches... »  Quel attachement pour le TPM !   

En tant qu’ancien joueur puis entraîneur, notre interlocuteur sait comprendre ce qui se passe autour de son club : « Je trouve qu’à l’heure actuelle le TPM a la capacité mentale et footballistique de jouer toujours rôle de favori à la Linafoot et en Ligue des Champions. Je sais qu’il y a des gros moyens dans cette équipe, j’ai même appris que les Ghanéens, Zambiens, Ougandais et Tanzaniens ont été recrutés. Je suis fier de dire que c’est un club qui incarne la vraie définition du développement du football de la RDC. Celui qui ne voit pas ça est plus aveugle que moi …» 

Tout ce qui compte aujourd’hui pour MACKONGA vu sa santé, que son TPM domine le monde : « Je ne peux plus voir mon TPM soulever des Coupes, mais je veux entendre que nous avons gagné la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA un jour... »

(Retrouvez la première partie de l’article à la date du samedi 9 mars)

Jean Félix LENGE, de Jo'burg, nous écrit suite à la parution de la 1ère partie. Il nous précise: "En 1986, l'équipe championne de la RDC (Zaïre à l'époque) était le FC LUPOPO. Battu 1-0 au match aller, Lupopo avait gagné 2 buts à 0 au retour pour brandir à nouveau la Coupe du Zaïre en 1986 après celle de 1982. Ces deux buts avaient été marqués respectivement par TIRO et MUYA. Pour votre information, MUYA était un joueur voyou qui se comportait en bandit..."

Merci Jean Félix pour cette mise au point. Tout le monde est d'accord ?

 

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