Donner de la voix, diriger : les nouveaux gestes de coach pour Pamphile MIHAYO
DU JOUEUR MODELE AU COACH ASSISTANT
La nouvelle vie de Pamphile MIHAYO
11 octobre 2013
« Je suis content de pouvoir être sur le bord du terrain et de pouvoir apprendre... » Assurément, Pamphile MIHAYO se sent bien dans son nouveau costume d’entraîneur assistant étrenné en début de cette saison. D'abord guidé par Lamine NDIAYE, il mûrit aujourd’hui dans l’ombre de Patrice CARTERON. Et la deuxième vie de « Baba » s'annonce prometteuse.
Malgré les ovations que lui réservent les supporteurs du stade TPM à chaque entrée sur la pelouse lors des grands matches, Pamphile MIHAYO se montre toujours égal à lui-même. Son humilité et sa discrétion font de lui une valeur référence pour les inconditionnels supporteurs du TPM. "Je l’appelle Baba, coach ou capo, les trois qualificatifs lui vont bien. C’est un gars très intelligent." nous révèle Cheibane TRAORE. A peine arrivé, Patrice CARTERON n’avait pas eu tort de lâcher devant la presse : « Baba, c’est la vraie identité du club ».
Primordial : bien gérer son temps
Aujourd’hui, le coach assistant nous a confié qu’il était bien plus facile d’être footballeur qu'encadreur ! Au moment où il nous recevait dans sa chambre d’hôtel à Accra, lors du dernier stage des Corbeaux, tout était chronométré et sur sa table s'étalaient des notes de la séance du jour. Visiblement l’homme apprécie pleinement son nouveau métier et se conforme à la première règle d’un bon manager, bien gérer le temps : « Je veux me donner tous les moyens pour être bon demain. Apprendre et travailler en même temps, c’est plus difficile, certes, mais pas trop compliqué si le métier est une passion pour toi. Là, je dois vite courir pour être à temps au petit-déjeuner, me réunir ensuite avec les autres membres du staff technique. Entre tous ces rendez-vous, le temps est compté. Juste après les entraînements, vous passez du temps à réfléchir parce qu’en face, les joueurs voudront que tu leur apportes quelque chose de tangible en exploitant tes connaissances... »
"Sandra et les enfants m’appellent coach"
Très à l’aise, Pamphile MIHAYO dit tirer toute l’énergie de l’attitude de son épouse Sandra MIHAYO et de ses fils qui ne l’appellent plus affectueusement chéri ou papa, c’est désormais « coach ».L’ancien capitaine ne cessera de mentionner pendant tout l’entretien : « je veux apprendre ce métier d’entraîneur pour améliorer le rapport avec les joueurs et surtout acquérir la compétence à afficher durant toute ma carrière ».
Grâce à son aura et son statut de "joueur le plus loyal du club", Pamphile MIHAYO est très proche des joueurs et s’active à suivre d'entre eux jusqu’en dehors du terrain. Et Joël KIMWAKI ne cesse de murmurer en lingala « Baba pé, mitshia na place na biso » [Ndlr, Baba mets toi à notre place], soulignant ainsi la sévérité de son ancien coéquipier Pamphile chaque fois qu’il fait appliquer les consignes pendant les ateliers à l’entraînement.
Apprendre et pratiquer, Pamphile apprécie le privilège
Depuis le banc, en semaine comme pendant le match, très attentif aux consignes tactiques du coach, il prend le relais pour conseiller aux mieux ses partenaires d'hier. Une relation saine qu’il entretien même pendant les échauffements aux entraînements où il lui arrive d'enfiler une chasuble pour compléter l’équipe ! « J’ai passé toute ma vie à jouer au football, je ne suis pas complexé en complétant une équipe. »
Coach Pamphile MIHAYO ne pense pas que le fait d’avoir été un bon joueur est forcément un gage de réussite sur le banc : « Je participe comme les autres membres du staff à l’encadrement des joueurs. J’aime bien mon nouveau métier. Ce jour, ce sont les supporteurs qui font déjà de moi un grand entraîneur alors que, pour ma part, je me sens encore au début de ce métier. Ça prouve qu’ils tiennent à ce que ça soit ainsi un jour. Je suis conscient que le fait d’avoir été un bon joueur de football ne va pas faire de moi un grand entraîneur. Ça peut aider, mais rien de plus. Il est capital que je grandisse en me donnant les moyens pour apprendre. J’ai côtoyé de grands techniciens, ça me permet de me débrouiller devant les joueurs. Le coach Lamine, par exemple, m’a vraiment aidé au début et aujourd’hui c’est avec Patrice que je travaille. Entraîner, c’est un vrai métier. Quelle chance pour moi d’apprendre si vite dans un contexte relevé».
"Je veux être entraîneur, mais un vrai entraîneur "
L’illustre numéro 20 des Corbeaux veut donc parfaire son apprentissage pour devenir un futur et brillant coach. Pamphile MIHAYO sait que pour étoffer son bagage de technicien il lui reste à poursuivre l’apprentissage dans les écoles spécialisées et que le chemin est encore long : « J’ai gagné deux Ligues des Champions avec le TPM et le CHAN avec les Léopards de la RDC comme joueur. Si Dieu veut que je commence par gagner la Coupe de la CAF en tant qu’entraîneur assistant, on dira trop vite que je suis un bon entraîneur. Mais moi aujourd’hui, je veux être entraîneur et un vrai entraîneur. Je ne vais pas devenir l’entraîneur qualifié immédiatement sans passer quelques jours sur les bancs de l’école. Ça va prendre le temps qu’il faut et c’est normal. J’ai hâte d’apprendre, suivre des séminaires, passer des examens, me confronter au terrain et aux grands entraîneurs de ce monde, à ceux qui ont fait leurs preuves c’est ça le processus. » Baba attend la saison morte pour s’ouvrir de nouveaux horizons. Et des contacts ont déjà été pris avec l'Union des Entraîneurs et Cadres Techniques Français (le chevronné Luc BRUDER est même venu à Lubumbashi) pour qu'un programme de formation adapté lui soit dédié, à lui comme à d'autres anciens joueurs du TPM.
Aux côtés du doyen David MWAKASU, de Mandiaty FALL et Florian MULOT, le jeune apprenti entraîneur a même déjà été jeté à l’eau par le staff dirigeant du TPM. Il a conduit le collège des entraîneurs lors de la démission de Lamine NDIAYE et fait ses preuves : « J’ai commandé avec l’appui de tout le staff et c’était des moments exceptionnels »lâche-t-il en souvenir de la charge qu’il avait pendant cette période de transition.
Ces premiers pas réussis, quelques mois seulement après avoir pris sa retraite de joueur, augurent un bel avenir pour le coach MIHAYO.